Chao-Xiang Hsiung † God's Hand † - Renégat

• Fiche d'Identité

• Nom :: Hsiung.
• Prénom(s) :: Chao-Xiang ~ † ~ Akiel.
• Surnom(s) :: Xiang, Xi, La Main de Dieu ~ † ~ Aker, La Bête.
• Âge :: 28 ans ~ † ~ 4631 ans et 35 ans d’apparence.
• Date & lieu de naissance :: 3 avril 1981, New York ~ † ~ 2622 av. JC, Paradis.
• Signe Astrologique :: Coq (Zodiaque chinois).
• Nationalité :: Chinois et Américain.
• Statut / Occupation :: Vice-président de la Hsiung International Inc.
• Signes particuliers :: Aker possède deux pouvoirs. En ne faisant que toucher une plaie, la sienne ou celle d’un autre, il peut la guérir de façon presque instantanée. L’énergie utilisée, toutefois, est proportionnelle à la gravité de la blessure. De plus, en certaines situations, Aker peut libérer une si grande énergie curative que tout ce qui se trouve près de lui guérit, sans qu’il n’ait à toucher les blessures. Aker peut également se transformer en énorme lion de près de deux mètres de hauteur. Autrefois, ce lion était majestueux : ses poils étaient lustrés, sa crinière était resplendissante et une lumière intérieure semblait faire scintiller son pelage. Aujourd’hui, par contre, la transformation est tout autre. Le poil est dru et mat, la crinière est pratiquement grise. Les crocs et les griffes sont devenus disproportionnés par rapport au reste du corps. Lorsqu’il est dans sa forme féline, Aker peut communiquer grâce à de la télépathie. Toutefois, en raison du manque de contrôle d'Aker sur ses pouvoirs, les transformations complètes sont très rares. La plupart du temps, il devient plutôt une bête humanoïde.

• RP

Version courte :

Parce que mon histoire ne fait pas seulement 2 pages

Spoiler:

Act I † Birth Of An Angel †

Ambiance musicale

2722 av. JC
Paradis

La lumière… Ce fut la première chose qui parvint aux yeux d’Akiel. Une lumière si blanche qu’elle lui faisait presque mal. Recroquevillé en position fœtale, complètement nu, ses ailes enroulées autour de lui comme un écran protecteur, Akiel voyait le monde pour la première fois. L’ange resserra l’étreinte de ses ailes sur son corps et referma les yeux.

Autour de lui, il pouvait entendre des bruissements, quelques murmures. Des formes bougèrent tout autour de lui. Cela dura un moment, puis ce fut le silence le plus total.

Une ou deux éternités passèrent. Lentement, Akiel ouvrit les yeux et deux silhouettes se dessinèrent devant lui. Elles étaient floues, extrêmement floues même. La lumière qui se dégageait de leurs immenses ailes ne laissait voir que de simples taches noires au milieu d’une mer de blancheur. Mais d’une certaine manière, Akiel semblait les connaître. Leur aura avait quelque chose de… réconfortant. Il voulut leur tendre la main, mais se retint au dernier moment. Il avait peur de quitter le cocon de ses ailes, il avait peur de ne pas aimer ce qu’il verrait de l’autre côté de cette lumière. Soudain, pour la première fois, Akiel entendit la voix d’un ange.

« Celui-là m’a l’air d’être un timide… Tu es sûr que Dieu nous as fait un nouveau combattant, Raphaël ? Les hordes de Léviathan et de Bélial gagnent du terrain à chaque jour. Nous avons besoin de plus de troupes…

- Et que feras-tu quand tes troupes seront mises hors combat à cause de leurs blessures, Michaël ? Cet ange est un guérisseur, je peux le sentir. Et un puissant… Laisse-moi quelques temps avec lui et tu ne le regretteras pas.

- Deux ans, pas plus. L’Empire sumérien est déjà aux portes de la guerre. »

Une des silhouettes sembla s’élever. Quelques secondes plus tard, elle avait complètement disparu du champ de vision d’Akiel. Michaël, sans doute, s’il avait bien compris la signification de cette conversation. La tache noire que constituait la silhouette restante se mit à grandir. Soudain, ce qui semblait être une main apparut directement devant lui.

« Akiel, viens avec moi. Nous allons rejoindre les autres, d’accord ? Ils t’attendent. »

Non sans ressentir un frissonnement dans son dos, Akiel sortit la main de son cocon protecteur. Il voulut saisir celle de Raphaël, mais hésita un instant et ramena son bras vers lui. Puis, en serrant les dents, il étendit lentement son bras jusqu’à ce qu’il atteigne la main de l’autre ange. Il se sentit soulevé du sol et, pour la première fois, il vit le monde du haut de ses deux pieds… Ou du moins, il vit une grande salle de marbre blanc, complètement vide à l’exception des deux Immortels. L’ange devant lui souriait. Sans même qu’il ne commande quoi que ce soit à son corps, Akiel sourit à son tour.

« Raphaël est… gentil.

- Allez, viens. »

Raphaël passa un bras autour des épaules d’Akiel et l’aida à faire ses premiers pas. L’ange était anormalement frêle, même pour un être créé à l’instant par Dieu. Son visage était assez fin, tout en longueur, et de longs cheveux blonds et soyeux cascadaient sur ses épaules pour se rendre jusqu’à la moitié de son dos. Ses yeux bleus étaient grand ouverts alors qu’il découvrait peu à peu un monde nouveau.

Finalement, les deux Immortels atteignirent une seconde salle de marbre blanc. Là, ils y rejoignirent plusieurs autres anges, hommes comme femmes. Eux aussi étaient complètement nus. Certains, déjà costauds, semblaient prêts pour la guerre. D’autres semblaient effrayés par le monde qu’ils découvraient. Certains semblaient âgés, d’autres ne semblaient pas avoir plus de dix ans. Ils avaient tous quelque chose en commun, toutefois : d’ici quelques années, ils seraient prêts à aller se battre contre les légions démoniaques…

***

2720 av. JC
Ur, Empire sumérien

Un flash de lumière. Akiel, apeuré, renforça son étreinte sur la manche de Telumiel, son compagnon d’entraînement depuis deux ans. Lui aussi était doté du pouvoir de guérison, comme tous les autres anges qui les entouraient d’ailleurs. Quand la lumière disparut, une grande étendue désertique apparut devant ses yeux. L’Empire sumérien… Sa période d’entraînement avait été complétée et, en compagnie de tous les autres anges de sa division, il avait été envoyé à Ur pour venir en aide aux troupes qui y étaient postées. Au loin, la grande cité de pierre émergeait, bien distincte dans la plaine désertique.

Un des anges se détacha du groupe. Il s’agissait de Remuel, qui avait agi en tant que chef de leur groupe depuis leur création par Dieu.

« Nous allons entrer dans la cité par groupe de deux ou trois pour ne pas attirer l’attention sur nous. Je veux que vous vous mêliez aux caravanes marchandes. Et, surtout, laissez vos visages cachés derrière les capuches de vos toges. Nous ne voulons pas créer d’émeutes à cause de la couleur de notre peau ou de nos cheveux ! Raphaël devrait nous attendre dans un bâtiment au sud de la cité. »

Akiel et Telumiel furent parmi les premiers à s’avancer vers l’immense cité humaine. Akiel, lui, ne lâchait toujours pas la manche de son comparse. Tout cela était tellement différent du Paradis… La roche et le sable sous ses pieds, la chaleur intense qui semblait vouloir absorber toute son énergie… Toutes des sensations nouvelles qui troublaient l’ange au plus au point. Après deux ans, il avait peu à peu réussi à s’habituer au Paradis et à ses halls de pierre blanche, mais voilà qu’on le balançait dans un environnement hostile sans même l’avoir avertit sur ce qui l’y attendait.

« Lâche ma manche Akiel, il y a des gens qui arrivent. »

Avec beaucoup d’hésitation, Akiel finit par obéir. La mission, il devait réussir la mission… Ils étaient là, petits à l’horizon : des "humains", un groupe de dix. Tout comme eux, les "humains" portaient de longs habits qui couvraient une bonne partie de leur corps et de leur visage. Ils étaient assis sur d’étranges créatures qui se déplaçaient à la fois sur leurs jambes et leurs bras. Mais le plus étrange, c’était les deux énormes bosses dans leur dos… Akiel voulut leur faire signe, mais un des "humains" fut plus rapide. Il dévia la trajectoire de sa créature et vint vers eux.

« Vous avez besoin d’aide ?

- Notre caravane a été attaquée… Nous avons réussi à nous échapper de justesse…

- Vous devez être assoiffés ! Accompagnez-nous jusqu’à Ur, nous y sommes presque de toute façon. »

Telumiel acquiesça et les deux anges rejoignirent le groupe d’humains. Akiel ne dit pas un mot de tout le trajet, laissant son compagnon s’occuper de la conversation. Les "humains" étaient impressionnants… Ils leurs ressemblaient en tout point et, pourtant, une guerre avait été engagée pour savoir qui aurait le contrôle sur eux. Soudain, l’un d’eux tendit une gourde à l’ange. Akiel paniqua, ne sachant pas quoi faire. Un coup d’œil vers Telumiel, qui lui souffla subtilement de boire ce qu’il y avait à l’intérieur. Le liquide était chaud, granuleux par moments, et l’ange faillit bien tout recracher, mais il se força à tout avaler. Fier de son travail, il tendit la gourde vide à celui qui venait de la lui donner avec un grand sourire.

« Et bien, tu avais soif dit-donc… »

Finalement, la caravane arriva à Ur. La cité était immense, beaucoup plus grande que ce qu’il avait cru en la voyant au loin. À côté d’elle, Akiel ne semblait pas plus gros qu’un insecte… Le groupe franchit aisément les portes et Telumiel remercia les "humains", leur annonçant qu’ils devaient aller rejoindre les membres de leur guilde pour les prévenir du funeste sort de leur caravane. Les deux Immortels parcoururent donc la cité en direction de leur point de réunion. Dès qu’ils furent assez loin du groupe qui les avait accompagnés, les mains d’Akiel reprirent l’endroit qui leur revenait de droit : la manche de l’autre ange. Si le désert environnant la cité avait été impressionnant, ce n’était rien en comparaison avec Ur elle-même. Il y avait tellement "d’humains" que c’est à peine s’ils pouvaient marcher. L’air était dense et chargé d’odeurs inconnues. Plusieurs créatures étranges traversaient les rues, si vite qu’Akiel avait à peine le temps de les apercevoir. Finalement, ils atteignirent l’endroit de leur réunion, une maison creusée à même le roc. Raphaël était déjà là en compagnie d’autres anges inconnus. Une fois que tous les autres anges furent arrivés, l’Archange prit la parole.

« Comme vous le savez sûrement, nous sommes en guerre contre les Déchus. Non seulement ont-ils décidé de renier leur Créateur, ils poussent aujourd’hui le blasphème en allant jusqu’à défier l’autorité suprême des Anges sur les Humains. Au moment où je parle, les troupes de Bélial s’approchent de la cité d’Ur. La cité a été épargnée jusqu’à maintenant, mais il y a de grandes chances pour que la guerre arrive jusqu’à nous. Il est de notre devoir de protéger les humains. »

Raphaël observa les nouveaux arrivés pendant un instant avant de reprendre.

« La plupart d’entre vous serviront sous mon commandement. Toutefois, Michaël ici présent a demandé… a insisté pour que certains d’entre vous rejoignent ses unités. Il s’agit de ceux parmi vous qui avez le mieux réussi à conjuguer vos pouvoirs curatifs avec des aptitudes plus offensives. »

L’Archange commença alors à nommer chaque ange et à l’affecter à une division. Les meilleurs, ceux qui s’étaient distingués le plus pendant leur entraînement, furent placés sous les ordres de l’Archange de la Guerre. Telumiel fut de ceux là. Soudain, un des anges aux côtés de Raphaël s’avança.

« J’ai personnellement choisi certains d’entre vous pour qu’ils viennent aider les troupes placées au Purgatoire. Je vous avertis, toutefois. Votre mission en sera une de paix. Vous n’aurez pas à combattre, mais votre rôle là-bas n’en sera que plus important. Deakiel, Yatiel, Ulemiel et Akiel, je vous félicite. Vous êtes désormais affectés à mon unité. »

Tout se déroula extrêmement vite. Raphaël mit fin à la réunion et, aussitôt, tous les anges suivirent leurs supérieurs respectifs. Telumiel se retourna une dernière fois vers Akiel, murmurant un « Tu t’en sortiras. » avant de se retourner et de suivre Michaël. L’ange qui avait parlé en dernier s’approcha de lui. Comme la plupart de ses congénères, il avait un visage fin, mais ses longs cheveux étaient d’un noir parfait.

« Bienvenue dans mon unité. Je me nomme Azraël, même si je suis plus connu comme étant l’Ange de la Mort... »

Ambiance musicale

2652 av. JC
Purgatoire

« Azraël ! »

Akiel parcourut à toute vitesse le grand hall de pierre blanche. Il sauta au cou de son mentor des soixante-dix dernières années, les faisant tomber tous les deux sur le sol. L’Ange de la Mort se mit à rire et passa sa main dans les cheveux dorés de son ami, comme l’aurait fait un père envers son fils.

« Akiel, je n’ai pas été absent depuis longtemps… Je suis parti depuis seulement quelques jours. »

C’était comme ça à chaque fois. Azraël devait régulièrement faire des allers-retours entre le Purgatoire et l’Eden pour y mener les âmes assez charitables, celles qui méritaient le droit d’aller au Paradis. Le voyage n’était pas bien long, mais pour Akiel cela semblait toujours durer une éternité. La vie au Purgatoire était bien tranquille, à la limite d’être ennuyante. Il y régnait une paix bien précaire, mais elle suffisait pour qu’Akiel n’ait jamais eu à affronter les démons qui passaient de temps en temps. Malheureusement, le temps passait à une lenteur incroyable. Au début, il n’avait pas eu le courage d’aller aborder Deakiel, Yatiel ou Ulemiel, les trois autres anges amenés par Azraël. Aujourd’hui, après toutes ces années passées dans la solitude, il était trop tard pour aller leur parler. Ils formaient une petite clique et Akiel se serait senti comme celui de trop. Et il était hors de question d’aller parler aux anges-militaires. Ils étaient beaucoup trop impressionnants ! Alors il parlait à l’Ange de la Mort. Matin, midi, soir… Dès qu’il le pouvait, il se retrouvait aux côtés de son mentor. Malheureusement, même si Azraël venait souvent au Purgatoire, ce n’était habituellement que pour quelques temps. Autrement, Akiel aimait bien s’isoler dans un coin de l’immense forteresse de marbre blanc pour penser. Il pensait à la guerre, il pensait à cette étrange rivalité entre les anges et les démons. Certes, ils étaient mauvais et, de ce fait, ils devaient être purgés. Mais d’où cela venait-il ? Il devait y avoir un moyen de guérir leur esprit pour les faire redevenir des anges… Mais surtout, il pensait à Telumiel. Il n’avait plus revu son ami d’enfance depuis cette fameuse journée où Azraël l’avait mené loin des combats. Était-il toujours en vie ? Pensait-il encore à lui ? Toutes des questions qui restaient malheureusement sans réponse…

« Allez, viens avec moi Akiel. J’ai une surprise pour toi aujourd’hui. »

Akiel haussa un sourcil, puis un énorme sourire apparut sur son visage. C’était la première fois que quelqu’un lui faisait une surprise !

« Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ?

- Dis donc, tu es énervé aujourd’hui, lâcha l’Ange de la Mort avec un petit rire. Aujourd’hui, je t’emmène sur mon bateau… »

Akiel écarquilla les yeux. Avec les années, Azraël lui avait souvent parlé de ce bateau, mais il n’avait jamais pensé qu’il le verrait un jour. Cela voulait-il dire qu’il allait faire le voyage avec lui ?

Azraël passa un bras autour des épaules de son compagnon, puis l’entraîna à l’extérieur de la forteresse, à travers les grandes plaines du Purgatoire. Il ne se rappelait plus à quelle époque il avait commencé à s’attacher à Akiel. Au début, il l’avait choisi sous la recommandation de Raphaël. Selon l’Archange, il n’était pas fait pour les combats. Avec les années, Azraël avait trouvé chez Akiel des points en commun. Il aimait la solitude, ou du moins il s’était habitué à la subir, et il était assez réservé. Il avait malheureusement un caractère un peu simpliste, à croire que Dieu avait manqué son coup en le créant. Il était puissant toutefois, très puissant même. Azraël pouvait sentir qu’au fond de lui, l’ange avait des pouvoirs presque capables de rivaliser avec ceux de Raphaël. Il n’avait seulement pas les facultés mentales qui se devaient d’aller avec… Alors qu’ils marchaient à travers l’immense champ, Akiel remarqua que l’air autour d’eux semblait trouble. En plissant les yeux, il parvint à distinguer des visages, puis des corps. Des dizaines, des centaines de corps à peine visibles dans l’air ambiant. L’ange ouvrit grand la bouche de stupeur et tira la manche de son maître.

« Azraël ! Azraël ! Il y a des personnes transparentes !

- Oui… Il s’agit de l’âme de ceux qui sont morts sur Terre. Gentils, méchants, jeunes, vieux… Ils se retrouvent tous ici et il est de mon devoir de les guider jusqu’au Paradis. »

Les deux anges continuèrent leur progression. Azraël ne semblait pas porter attention aux formes spectrales qui l’entouraient, mais il en était tout autre pour son compagnon. Il s’arrêta même à quelques reprises pour tenter de toucher les âmes, sans succès. Finalement, ils arrivèrent à ce qui semblait être une vieille chaloupe. Derrière elle, un immense fleuve couvert de brume séparait le Purgatoire d’une étendue de terre lointaine. L’Ange de la Mort se retourna alors pour la première fois vers les morts. Il murmura un mot, puis certaines des âmes s’avancèrent vers l’embarcation. Azraël y embarqua à son tour, puis il fit signe à son compagnon de le suivre. Après une certaine hésitation, Akiel monta lui aussi. Il y avait à peine de la place pour deux, voire trois personnes. Les âmes semblaient s’être toutes entassées l’une sur l’autres, ce qui créait un étrange reflet blanc à l’extrémité de la chaloupe.

« Vois-tu Akiel, tout ceci n’est qu’une illusion. Ce bateau, ce fleuve, ce champ… Même la forteresse de marbre blanc n’est qu’une immense illusion. Le véritable Purgatoire n’est pas un endroit agréable à voir et le voyage vers le Paradis l’est encore moins. J’ai créé cette vision pour rendre plus facile cette étape dans la vie de ces personnes. La plupart d’entre elles ont déjà assez souffert, expliqua Azraël tout en détachant la barque et en s’engageant sur le fleuve.

- L’enfant » fit Akiel en pointant vers la rive.

Azraël regarda dans cette même direction. Un enfant se trouvait sur le quai. Autour de lui, quelques âmes fixaient la barque d’un air désespéré. D’autres s’étaient retournés et se dirigeaient vers l’immense plaine avec un air abattu.

« Je ne peux pas, Akiel… Il n’était pas sur la liste. Il devra aller en Enfer. »

Akiel se leva et déploya ses ailes. D’un bond, il était sur la rive. Des âmes errantes se rapprochèrent de lui, jusqu’à l’entourer. L’ange voulut saisir l’enfant, mais ses mains passèrent au travers. Il essaya à plusieurs reprises sans succès. Les yeux d’Akiel étaient grand ouverts, sa respiration était devenue saccadée… Il était en train de paniquer. Il se retourna vers les autres âmes et essaya de les saisir, elles aussi avec le même effet. Soudain, l’air autour de lui sembla vibrer. Akiel ferma les yeux et lâcha un cri presque bestial. Quand il les rouvrit, il était à nouveau sur la barque. Azraël affichait un air sombre.

« Je suis désolé, vraiment. Leur âme est malade, Akiel. Il n’y a rien que nous puissions faire…

- Non… Non, non, non, non… NON ! »

Akiel étendit ses ailes une nouvelle fois et bondit jusqu’au quai, puis il courut vers l’enfant. Une lueur blanchâtre s’échappa de sa paume alors qu’il tentait tant bien que mal de mettre sa main sur le visage de la forme spectrale.

« Je guéris… Je guéris… Je guéris… Je guéris… »

Les mêmes mots s’échappaient sans cesse de la bouche de l’ange. Voyant que cela ne servait à rien, Akiel lança un nouveau cri, puis son corps tout entier sembla baigné d’une aura blanche. Des vagues blanchâtres s’échappèrent de son corps. Autour de lui, l’air semblait plus pur, le gazon semblait plus vert… Mais aucun changement chez les âmes. L’air se troubla une nouvelle fois autour de lui et, quelques secondes plus tard, il était de retour sur le bateau. Azraël mit ses mains de chaque côté du visage d’Akiel.

« Akiel, regarde-moi ! Calme-toi ! Il n’y a rien que nous puissions faire !

- Je guéris… Je guéris… Je guéris… »

Peu à peu, le flot de paroles diminua, jusqu’à s’éteindre. Azraël soupira et enleva ses mains de l’autre ange.

« Il est trop tard pour eux, Akiel. Il aurait fallu purifier leurs âmes alors qu’ils étaient encore en vie. Une fois qu’ils sont ici, leur sort est fixé… »

Le souffle d’Akiel redevint normal. Il s’assit sur la chaloupe tout en faisant disparaître ses ailes. Quelques secondes de plus et il serait sûrement devenu incontrôlable…

« Et bien, pour une fois Raphaël ne s’était pas trompé… Apparemment, cet ange est assez puissant », lança une voix un peu plus haut qu’eux.

Michaël. Azraël grimaça : quand l’Archange de la Guerre descendait au Purgatoire, ce n’était jamais bon signe. Et avec toute cette agitation, il ne l’avait pas senti venir… L’Ange de la Mort inclina toutefois la tête bien bas devant son supérieur.

« Michaël. Qu’est-ce qui t’amène ici ?

- La guerre. La mort et la guerre. »

L’Archange volait quelques mètres au-dessus d’eux. En y portant plus attention, Azraël réalisa que sa jambe droite faisait un angle bizarre avec le reste de son corps. Il avait également plusieurs coupures sur les bras.

« Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Bélial et Méphistophélès, voilà ce qui s’est passé ! Avec leurs armées conjuguées, nous n’avons eu aucune chance… Les démons ont saisi la cité d’Ur. Raphaël a été gravement blessé, mais je crois qu’il va s’en tirer. J’ai pu sauver une poignée d’anges, mais les autres sont presque tous morts.

- Te… Telumiel ? »

Michaël jeta un regard presque méprisant vers Akiel.

« Le télékinésiste ? Oui, il est vivant. »

Akiel soupira. Un poids venait de tomber sur ses épaules. Azraël, lui, affichait une mine grave.

« Que veux-tu de moi ?

- Deux choses. Tout d’abord, je veux que tu te rendes à Ur pour y chercher d’éventuels survivants. Je vais envoyer un certain Fye pour t’accompagner. Selon Baruch, c’est un illusionniste hors pair, lui aussi. Il n’y a que vous deux qui pouvez vous rendre là-bas sans vous faire remarquer par les démons.

- Et l’autre chose ?

- Lui, fit Michaël en pointant Akiel du doigt. J’ai perdu nombre de bons soldats aujourd’hui et après ce que je viens de voir, je le veux dans mon unité.

- Mais… Michaël, si tu as tout vu, alors tu sais comment il va réagir s’il fait face à un combat ! Il n’est pas en état de combattre !

- Est-ce que j’ai l’air de te demander ton avis ? Il vient avec moi à Atlantide, fin de la discussion. Considère-toi heureux que je ne te prenne pas plus d’anges. »

Ambiance musicale

2627 av. JC
Pandémonium

« Suivez-moi… Et pour notre survie à tous, cachez cette foutue aura ! Ça pue l’ange à trois lieues à la ronde !

- Fye, ton illusion tient bon ?

- Affirmatif.

- Faire confiance à un ange… Qui aurait cru que je descende aussi bas… »

Un flash de lumière dans l’immense plaine de pierre noire. Michaël venait d’étendre ses ailes. Aussitôt, l’Archange s’élança vers celui qui venait de parler et l’empoigna par le cou avant de le soulever de terre.

« Un mot de plus et tu es de l’histoire ancienne, démon.

- Idiot ! Tu vas nous faire repérer ! »

Michaël balança le démon plus loin, puis fit disparaître ses ailes. Moloch. Un des pires de son espèce, mais leur guide ici en Enfer. Quelques jours plus tôt, il avait été capturé alors qu’il se trouvait près de l’Atlantide, une des principales bases célestes sur Terre. Il avait dit venir en paix, mais on l’avait tout de même envoyé aux cachots pour quelques temps. Les meilleurs anges l’avaient interrogé, certains d’entre eux avaient même pour pouvoir d’être capables de déceler les mensonges. Tous, sans exception, en étaient venus à la même conclusion : le démon disait la vérité. Apparemment, Moloch avait été jeté hors des Enfers suite à une mésentente avec Satan. Il était donc venu en Atlantide avec un plan digne d’un être de son espèce : il allait guider un régiment d’anges à travers les Enfers, jusqu’à Pandémonium. Là, il les amènerait jusqu’à Satan. Dans la possibilité où les anges réussissent à prendre le Seigneur des Enfers par surprise et à le tuer, Moloch prendrait alors sa place et annoncerait immédiatement le retour de la paix… Les discussions avaient été longues pour savoir ce qu’il fallait faire. La perte de l’Empire sumérien faisait mal, mais les anges n’étaient pas encore prêts à envoyer une unité complète pour une opération suicide. Finalement, ce fut Michaël qui trancha. Il allait former un groupe, lui en tête, dont les membres seraient assez puissants pour s’échapper des royaumes infernaux en cas d’attaque ou de coup monté.

Perdu au beau milieu des plaines infernales, Akiel, que l’on avait presque tiré de force de sa chambre à Atlantide, se contentait de fixer l’Archange avec de grands yeux émerveillés. Depuis leur rencontre au Purgatoire, il n’avait plus revu Michaël et, même s’il ne comprenait pas grand-chose à se qui se passait, il était simplement content d’avoir été choisi pour cette mission… Sa première vraie mission. Il passa alors son regard vers le démon et, aussitôt, il se renfrogna. Derrière son sourire supérieur et ses trois cents livres de muscles se cachait un Déchu, un Traître… Un Pécheur.

« Telumiel, est-ce que son âme peut être guérie ? »

L’ange aux côtés d’Akiel sourit. Il y a longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus… Près de cent ans, en fait. Il avait d’ailleurs été grandement surpris quand il avait appris que l’ange avait été choisi pour les accompagner dans la mission. Son caractère était si innocent, si… différent. Pas le genre que l’on enverrait au beau milieu de Pandémonium… Mais Michaël avait insisté pour qu’il vienne avec eux.

« Non, Akiel. Il n’y a rien que nous ne puissions faire pour ce genre de personne…

- Alors… Azraël ne va pas l’amener sur son bateau ? demanda l’ange en fronçant les sourcils.

- Akiel, nous n’allons pas au Purgatoire. On a déjà dû te le dire avant… Cela a été créé pour les humains. À notre mort, nous allons fusionner avec tout ce qui existe, pour créer un monde meilleur.

- Même lui ?

- Oui, même lui.

- Alors il doit être tué pour créer un monde meilleur… ? »

Sans attendre de réponse, Akiel sortit une petite dague et se précipita vers le démon. Alors qu’il allait poignarder Moloch, il se retrouva incapable de bouger le moindre muscle. Il regarda vers Michaël, visiblement furieux, puis vers Telumiel, qui venait visiblement d’utiliser ses pouvoirs pour l’arrêter. Là, il ne comprenait plus rien…

« Merde ! C’était quoi ça ?! Michaël, tu tiens tes chiens en laisse ou je vous laisse tous croupir ici !

- Le contexte, Akiel, le contexte… Nous avons besoin de lui pour le moment !

- Alors je le tue après la mission ?

- Non, Akiel. Personne ne tue personne…

- Mais… Mais… Satan ?

- Oui, mais lui c’est différent…

- Ils sont des Pécheurs tous les deux ? Il faut les tuer pour rendre le monde meilleur ?

- Oui, mais… Contente-toi de suivre ce que nous faisons, Akiel » soupira Telumiel, complètement découragé.

Le groupe continua sa procession dans le silence le plus complet. La tension, déjà assez vive, venait de monter d’un cran. Heureusement, Moloch les guidait à travers une région totalement vide du moindre signe de vie. Pas le moindre démon en vue. Finalement, ils arrivèrent à ce qui semblait être un immense cratère dans la plaine. Pandémonium. La formation géologique en elle-même servait de fortifications. Les pentes étaient si raides qu’un être non-ailé aurait eu de la difficulté à les descendre ou les monter. Toutefois, des plateformes y avaient été incrustées. Au nord du centre du cratère se trouvait leur cible : un immense palais d’obsidienne, là où se trouvait le trône de Satan. Tout autour, des maisons tout aussi noires avaient été construites. Les immeubles s’amoncelaient pour former des semblants de rues et de ruelles, jusqu’au point où l’inclinaison du sol devenait trop abrupte. Michaël se retourna vers Fye.

« L’illusion tient le coup ?

- Nous sommes aussi invisibles que possible, Michaël. Sauf si tout cela est un guet-apens, nous sommes en sécurité, lança l’ange avec un regard vers Moloch.

- Et c’est exactement pour cette éventualité que je suis là… Allez, on avance ! »

Fye et Michaël prirent Moloch par les épaules, puis les quatre anges sautèrent dans le vide. Ils déployèrent leurs ailes à mi-chemin pour ralentir leur chute, puis ils se laissèrent planer jusqu’à l’endroit que leur indiqua le démon. Il s’agissait d’une petite ruelle située entre deux édifices. Ils devaient être à moins d’une lieue du palais. Une fois que tous les membres du groupe furent prêts, ils s’élancèrent dans les rues de la cité infernale. Elles n’avaient absolument rien à voir avec le Paradis ou le Purgatoire. Tout était noir et lugubre. L’aura maléfique qui régnait sur l’endroit donnait des frissons dans le dos et Akiel avait toujours l’impression que quelqu’un l’observait derrière le coin d’une ruelle. Même les gens étaient différents… Beaucoup se cachaient derrière de longues toges encapuchonnées, d’autres semblaient couverts de sang, d’autres étaient complètement difformes… Heureusement, l’illusion de Fye semblait tenir le coup. Ils croisèrent plus d’un démon, mais jamais l’un d’eux ne réagit en les "voyant".

« Nous devrions presque y être… Plus que quelques coins de rue. »

Soudain, la rue sous leurs pieds sembla perdre de sa consistance. La pierre passa à de la boue, puis adopta une texture semblable à des sables mouvants. Les quatre anges furent faits prisonniers et Fye, dont le corps était immergé à moitié, se vit obligé de lever son illusion pour tenter de concentrer ses pouvoirs sur sa propre libération. Seul Moloch fut épargné. Il transforma aussitôt sa peau en pierre et se plaça en position de combat. Une voix résonna depuis la ruelle tout près.

« Et bien, on dirait que le poisson a mordu… »

L’homme qui sortit de la ruelle n’avait rien de rassurant. Son air condescendant l’identifiait clairement comme un membre de la haute classe infernale. Michaël grimaça… Typhon, le disciple de Léviathan. Aussitôt, Moloch se lança à son assaut. Toutefois, avant même qu’il ne puisse l’atteindre, un immense serpent noir emprisonna la taille du colosse. L’animal vint le fixer directement dans les yeux et, quelques secondes plus tard, le démon cessa de se débattre.

« Moloch ! J’aurais dû m’en douter ! »

Aussitôt, le serpent reprit une forme humaine. C’était Asmodée, le démon charmeur.

« Moloch ? MOLOCH !? Voyons Michaël, tu devrais savoir qu’il est si con qu’il ne sait pas compter jusqu’à cinq… Mais ça a ses utilités. Il a été si facile à hypnotiser que c’en était ridicule. Et après, vous avez cru à son histoire ! À se demander qui est le plus imbécile entre un conseil d’Archanges et le démon le plus idiot de Pandémonium.

- Ouais ! Ha ha HA HA HA HA HA !

- Asmodée, n’oublie pas qui est le cerveau derrière tout cela… C’est MOI qui ai tout planifié… C’est MOI que Satan va placer à la tête de ses armées quand je lui apporterai la tête de l’Archange Michaël… » lança Typhon.

Akiel sentit un fourmillement au niveau de sa taille : Telumiel venait d’utiliser ses pouvoirs pour le saisir.

« Maintenant ! » cria Michaël.

L’image de Fye, prisonnier des sables mouvants, se dissipa alors. Ce n’était qu’une illusion, le véritable Fye ayant sauté hors de porté du sort juste à temps. Profitant de cette diversion, Michaël déploya ses ailes et, en un seul battement, il se dégagea de sa prison. Il dégaina aussitôt son épée et balança une onde de choc vers les trois démons, qui furent jetés au sol. Telumiel renforça sa prise sur la taille d’Akiel, puis le projeta dans les airs. L’ange, désormais libre lui aussi, se contenta d’aller s’asseoir un peu plus loin, ne comprenant pas trop ce qu’il devait faire. Le télékinésiste utilisa alors ses pouvoirs pour s’extirper à son tour de la prison de Typhon. Un combat s’engagea contre les démons, mais Asmodée semblait avoir disparu…

« Bonjour toi… Tes amis les anges m’ont fait mal… Il faudrait que tu les punisses pour moi. »

Le démon était apparu aux côtés d’Akiel et il le fixait droit dans les yeux. L’ange, toutefois, détourna le regard, complètement désintéressé. Asmodée revint à la charge en le forçant à le regarder.

« Allez, bats-toi pour moi ! Tu le veux !

- Non, Akiel. Personne ne tue personne… Non, Akiel. Personne ne tue personne…

- Qu’est-ce que… Tant pis. »

Asmodée décida de changer de tactique. S’il ne pouvait pénétrer son esprit, il allait tout simplement le tuer. Un regard vers les anges. Ils étaient tous trop occupés à se battre contre les deux démons pour faire quoi que ce soit. Aussitôt, il se transforma en immense serpent noir et commença à s’enrouler autour de l’ange qui, étrangement, ne réagissait même pas. Il se contentait de regarder vers les combats sans rien dire, les yeux grands ouverts.

« Telumiel ! »

Cette fois, il commença à gesticuler, mais sans succès… De son côté, Moloch avait réussi à immobiliser un des anges, alors que les deux autres étaient tenus en respect par Typhon. Aussitôt, le colosse prit la tête de sa victime et la frappa à de nombreuses reprises au sol. Un coup. Du sang gicla. Deux coups. Le nez fut totalement broyé. Trois coups. Un craquement s’échappa de la boîte crânienne. Quatre coups. L’ange lâcha son dernier soupir.

« Telumiel ! Telumiel… Telumiel… Telumiel… Telumiel… »

L’ange répétait toujours les mêmes choses en hochant la tête au même rythme. Soudain, il sembla devenir plus "massif". Malgré lui, Asmodée ne put retenir son étreinte plus longtemps. L’ange semblait avoir doublé de masse, mais il était également beaucoup plus… poilu ? Un flash lumineux, doré, puis un deuxième. À la place de l’Immortel se trouvait désormais un immense lion au pelage d’or. Il devait bien mesurer près de deux mètres de hauteur. L’animal se précipita vers Moloch. Le démon était prêt à le recevoir, mais la charge du félin fut si puissante qu’il fut projeté plusieurs mètres plus loin. En un bond, Akiel était sur lui et, d’un coup de griffe, il transperça l’armure de pierre du colosse. Du sang gicla.

* Impressionnant… Je n’ai jamais vu personne réussir à percer l’armure de Moloch… *

« Fye, nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps ! La mission est un échec ! »

L’illusionniste acquiesça. Aussitôt, il se camoufla derrière une de ses illusions. Il réapparut quelques secondes plus tard devant l’immense lion. Il le fixa quelques secondes, suite auxquelles l’animal devint totalement immobile. Cinq secondes passèrent sans que rien n’arrive. Dix. Quinze…

« Il ne veut pas revenir à sa forme originelle !

- Tant pis, on l’amène comme ça ! »

Fye et Michaël le prirent par le ventre, puis ils déployèrent leurs ailes et s’envolèrent. Derrière eux, les démons regardaient leurs proies s’échapper sans qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit...

Act II † Dawn Of A Killer †

Ambiance musicale

2627 av. JC
Environs de Gizeh, Anciens Royaumes d’Égypte

Lentement, Akiel ouvrit les yeux et regarda autour de lui. Le désert qui l’entourait semblait s’étirer à perte de vue. Des dunes, seulement des dunes aussi loin qu’il puisse voir… Au loin, cachées derrière l’éclat du soleil, il semblait toutefois y avoir quelques petites habitations. Pas plus d’une quinzaine.

« Fye, il vient de se réveiller. »

Quelqu’un se dirigea vers lui. Akiel le reconnut tout de suite comme étant un des anges qui l’avait accompagné chez les Déchus. L’ange vint le fixer directement dans les yeux et, avant même qu’il ne puisse faire ou dire quoi que ce soit, il se rendormit.

***

Quelques minutes plus tard
Environs de Gizeh

« C’est bon, il devrait dormir encore une bonne heure.

- Merci, Fye. »

Le Maître des Illusions s’éloigna de l’énorme lion désormais endormi et alla rejoindre les deux autres anges. Michaël jeta un regard vers le félin, puis il poussa un long soupir. Non seulement la mission en Pandémonium avait été un énorme échec, mais maintenant ils étaient coincés avec "ça".

« Je te l’avais dit, Michaël. Akiel n’est pas fait pour la guerre… Alors, il va rester comme ça ?

- Malheureusement. Fye a tout essayé, mais il refuse de retourner à sa forme originelle. Le décès de Telumiel semble l’avoir grandement troublé.

- Et c’est sécuritaire de le laisser ici ? Il n’a jamais été seul de sa vie, je ne sais pas comment il va réagir.

- Que veux-tu que je fasse, Azraël ? Un lion de cette taille ne peut pas rester à Atlantide et encore moins au Paradis… Pas quand l’ange qui est pris à l’intérieur est incapable de se contrôler.

- Et il ne peut pas revenir au Purgatoire avec moi…

- C’est le mieux que nous puissions faire avec lui. Gizeh n’est qu’un petit village et nous avons des troupes basées à Memphis, juste à côté. Après ce qu’il a fait à Moloch, je ne crois pas que les démons vont se risquer à venir l’affronter.

- On m’a dit qu’il a réussi à percer son armure de pierre… C’est vrai ?

- Percer ? Il l'a complètement déchiqueté ! C’est un miracle que le démon soit encore en vie ! Crois-moi, il va rester défiguré à vie à cause de ce coup !

- Dommage qu’il soit aussi simple d’esprit… Il aurait fait un formidable combattant. Vous êtes sûrs qu’il va s’en tirer ? Je ne sais pas comment les villageois vont réagir devant un lion de deux mètres de hauteur…

- Je crois que nous allons bientôt le savoir, annonça Michaël en indiquant du doigt le village. Fye. »

L’ange acquiesça et forma une illusion qui rendit les trois anges invisibles. Un homme d’une quarantaine d’années venait de quitter sa maison et il se dirigeait droit vers eux, un mouton mort sur les épaules…

***

Quelques minutes plus tard
Environs de Gizeh

* De la viande… Je sens de la viande… *

Lentement, l’énorme lion ouvrit les yeux. Il bailla, dévoilant d’énormes crocs à l’humain devant lui. Celui-ci s’empressa de jeter la carcasse au sol avant de se prosterner et de fixer le sol.

« Un cadeau pour le Dieu-Lion. »

Akiel se mit sur ses pattes. L’humain devant lui semblait si petit… D’un seul coup de dents, le lion goba le mouton. Il voulut parler au mortel devant lui, mais il se rendit compte que cela lui était impossible. Il se concentra alors comme il ne s’était jamais concentré auparavant… Un flot de pensées et de paroles semblèrent quitter son esprit pour se rendre directement dans celui de l’homme.

* Je… suis… Akiel… *

« Ak… Ak’hi… Ak’hier ! Le Dieu-Lion Aker est un bon dieu. Il a accepté mon offrande. Il va apporter la prospérité à Gizeh ! »

L’homme inclina la tête, puis il rebroussa chemin vers son village. Fye leva l’illusion sur les trois anges et, aussitôt, Azraël s’approcha de son ancien disciple et ami. Pour tout signe d’adieu, il posa la main sur le front du félin. Les trois Immortels s’éloignèrent alors de quelques pas avant de déployer leurs ailes et de s’envoler. En quelques secondes seulement, ils n’étaient plus que des points dans le ciel…

***

2216 av. JC
Gizeh

« Est-ce que tu dois vraiment partir ? »

L’homme devant Ahmès poussa un long soupir. Il s’approcha de sa femme et posa un baiser rapide sur ses lèvres.

« Ce sont les ordres du Pharaon. Avec chaque jour qui passe, Thèbes prend toujours plus de pouvoir, au détriment de Memphis. Si les choses continuent ainsi, j’ai peur de ce qui pourrait arriver.

- Sois prudent alors, et reviens-moi vite. »

Ahmès serra son époux, comme si ce geste pouvait lui permettre de rester auprès de lui à jamais, puis elle se détacha et le regarda partir en retenant difficilement un flot de larmes. C’étaient des temps sombres pour la Basse-Égypte… Une heure passa… Ahmès était toujours au même endroit, immobile comme une statue de pierre, alors que l’homme qu’elle aimait était parti pour une période indéterminée. Finalement, la jeune femme essuya une dernière larme qui perlait au coin de ses yeux et sortit à l’extérieur.

La ville n’était rien en comparaison de Memphis, la capitale, mais elle comptait tout de même 2 000 habitants. Selon les légendes, le Dieu-Lion Aker avait élu domicile ici quelques siècles plus tôt et, à en croire certaines personnes, on pouvait encore l’apercevoir de temps en temps. Ahmès, toutefois, n’avait vu de lui que l’immense statue de pierre que le Pharaon Khéphren avait fait construire trois siècles plus tôt. Le Sphinx de Gizeh, voilà le nom que l’on avait fini par donner à cet hommage à Aker.

Ahmès essuya la sueur sur son front. Le soleil de midi était tout simplement cuisant… La jeune femme marchait d’un pas lent dans les rues de Gizeh. Elle n’avait pas de but autre que celui de se changer les idées. Soudain, elle se rendit compte qu’elle était rendue aux limites de la ville. Devant elle se dressaient trois immenses pyramides, tombeaux éternels des Pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le Sphinx était également là, dans sa prestance toute féline. Sans même qu’elle n’en sache la raison, Ahmès fut attirée vers la statue du Dieu-Lion.

Elle n’était toutefois pas la seule à venir se recueillir devant l’image d’Aker. Une lionne et son lionceau étaient couchés dans l’ombre de l’une des immenses pattes. Ahmès, tout en gardant ses distances, ne put s’empêcher de ressentir un pincement à l’abdomen. Ils avaient dû s’égarer. Le Nil n’était pas bien loin, moins d’une demi-journée de marche, mais il était anormal de voir des lions si loin du cours d’eau. Avec cette chaleur, ils risquaient de mourir. D’ailleurs, le lionceau tenta de se lever à quelques reprises, mais il était déjà trop faible. Il retomba au sol et resta immobile quelques instants avant de finalement relever la tête.

Ce fut la lionne qui se leva, finalement. D’un geste précis, elle planta les crocs dans le cou de son rejeton. Le félin poussa un petit cri, puis mourut. La femelle se mit alors à lécher le sang qui s’écoulait du corps du lionceau.

* Pourquoi ? … *

Ahmès plaqua une main devant sa bouche pour étouffer un cri. À l’instant, une voix avait résonné dans sa tête. Paniquée, l’Égyptienne jeta des regards partout autour d’elle. Elle était seule... Et soudain, elle le vit. Un immense lion se tenait au sommet de la patte du Sphinx. Ahmès écarquilla les yeux. Se pouvait-il que… Aker, le Dieu-Lion ?

L’énorme lion sauta. Ahmès tenta de le suivre des yeux, mais elle fut aveuglée par le soleil. L’espace d’un instant, il sembla devenir totalement blanc. Il y eu un énorme craquement quand il toucha le sol et la substance blanche scintilla quelques fois avant de disparaître complètement. Le félin s’approcha alors de la jeune femme, qui s’empressa de s’agenouiller et de baisser la tête. Elle était devant un dieu.

* Pourquoi ? * répéta la voix dans sa tête.

« Le lionceau allait mourir, elle n’a fait que lui épargner une mort lente. Elle s’est abreuvée de son sang afin de pouvoir survivre et retourner jusqu’au Nil, alors que l’esprit du petit va pouvoir renaître. »

* L’esprit du petit ? *

« On dit… Selon certaines histoires, une lionne qui mange ou qui tue son lionceau mourant ou mal formé permet à l’esprit du petit de se reformer et de renaître dans un corps sain. »

* Elle… guérit l’âme de l’enfant ? *

« Oui, si on veut… »

Ahmès devait devenir folle… Elle était en train de parler des légendes locales à un lion de deux mètres de hauteur ! Et elle qui voulait simplement se changer les idées. Elle avait affreusement bien réussi…

* C’est… triste… *

Ahmès se risqua à lever légèrement la tête. Une larme était en train de couler sur le visage du lion. D’instinct, la jeune femme et posa sa main sur le visage du dieu pour l’essuyer. Le lion la fixa intensément pendant quelques instants. Ses yeux semblaient refléter une immense tristesse.

Puis, soudain, Ahmès lâcha un petit cri et se recula à vive allure. Le visage d’Aker semblait se modifier. Le museau s’aplatissait, le poil semblait se rétracter, le corps semblait rapetisser… Alors qu’un instant plus tôt elle avait un félidé devant elle, elle faisait désormais face à un jeune homme complètement nu. Il tomba au sol, inconscient. Avec prudence, Ahmès s’approcha de lui. Il avait la peau et les cheveux anormalement pâles. Elle avait parfois entendu des histoires à propos d’hommes à la peau blanche qui vivaient dans des tribus primitives loin dans le nord, de l’autre côté de la mer, mais jamais elle n’aurait cru en voir un de ses yeux. D’un autre côté, elle n’avait jamais prévu de tomber face-à-face avec le dieu Aker non plus !

Ambiance musicale

2215 av. JC
Gizeh

Cela faisait un an qu’Aker était arrivé dans la vie d’Ahmès. Elle avait beaucoup hésité, mais elle avait finalement accepté qu’il vive dans sa maison. En l’absence de son époux, elle avait déjà de la difficulté à se trouver de quoi manger, mais elle n’avait pu se résoudre à mettre un dieu hors de chez elle. De plus, Aker semblait souffrir d’une étrange maladie… Il avait passé près de six jours inconscient après s’être transformé sous une forme humaine. Quand il s’était réveillé, Ahmès avait de nouveau aperçu ce qui semblait être une immense tristesse dans ses yeux. Il parlait peu et mangeait peu. Souvent, il passait ses journées dans son lit à fixer droit devant lui sans rien dire. Et pendant la nuit, il n’était pas rare de l’entendre murmurer quelque chose à propos d’un certain "Telumiel". Il lui était même arrivé de se réveiller en criant, comme s’il était hanté par un passé douloureux.

Lors de ses "bonnes journées", Aker semblait presque agir comme un enfant. Sans doute était-ce dû à l’immense tristesse qui semblait l’habiter. Elle semblait lui avoir fait perdre tout contact avec la réalité…

« Je reviens bientôt. Je dois… Je dois aller rencontrer quelqu’un de très spécial. »

Comme toujours, Aker ne dit pas un seul mot. Il se contenta de fixer l’Égyptienne pendant un instant avant de se remettre à contempler le mur devant lui. Ahmès poussa un soupir et sortit. Quelques minutes passèrent avant qu’Aker ne se décide à bouger.

« Ahmès… Je dois… Je dois lui faire un cadeau… Pour la remercier… Ahmès… Ahmès… Telumiel… »

Aker se leva et se dirigea à son tour vers la porte. D’une main, il attrapa la longue toge brune qui servait à cacher la couleur de sa peau quand il sortait dehors. Ahmès le lui avait répété plusieurs fois. Il était différent. Il ne fallait pas que les gens le voient.

Le Dieu-Lion marcha pendant un moment dans la ville. Cela faisait un an qu’ils étaient ensemble. Il devait acheter un cadeau pour lui dire merci… Pour lui dire qu’il… l’aimait ? Oui, peut-être. Sûrement. Elle était tout pour lui, désormais… Telumiel… L’ange déglutit lentement. Il détestait se retrouver seul dehors, avec tous ces inconnus à côté de lui. Tous ces mortels. Combien d’eux Azraël allait-il amener avec lui sur son bateau ? Combien d’entre eux allaient rester sur la rive ?

« Arrête, on pourrait nous voir… On devrait aller plus loin…

- Non, j’ai envie d’essayer tout de suite. Juste pour voir. »

Curieux, Aker arrêta de marcher. La voix semblait venir de la ruelle à côté. L’ange s’en approcha avec pour seul but de jeter un rapide coup d’œil pour voir se qui se passait. Il avait quelque chose d’important à faire, il ne pouvait pas s’arrêter trop longtemps, même si c’était pour satisfaire sa curiosité… Mais quand il vit se qui se passait, l’ange fut trop abasourdi pour pouvoir faire quoi que ce soit…

« Merde !

- Je te l’avais dit, Imhotep ! Maintenant mes parents vont nous tuer !

- T’inquiète… Hey toi, passe ton chemin, veux-tu ?

- Je n’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie… Je m’en vais. »

La fille, qui ne devait pas avoir plus que quinze ans, ramassa la jupe qui traînait au sol et l’enfila à toute vitesse. Avec un long soupir, le garçon fit de même avec son pantalon.

« Hey ho ! Tu ne veux pas t’en aller ? Tu as déjà eu ce que tu voulais, non ? Merci d’avoir tout gâché. »

L’ange, les yeux grand ouverts, ne comprenait que trop bien ce qui venait de se passer… Ils avaient péché. Leur âme n’allait pas pouvoir monter sur le bateau d’Azraël.

« L’enfant… L’enfant… Il n’est pas sur la liste. Il devra aller en Enfer… Il faut purifier leurs âmes quand ils sont encore en vie…

- Tu as dit quelque chose ?

- Je suis un lion… »

***

Quelques minutes plus tard
Gizeh

« Je suis de retour ! Et j’ai une surprise pour toi ! Aker, où… »

Ahmès ouvrit grand les yeux. Aker était en train de… cuisiner ? Étrangement, cela sentait bon… Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’il avait un quelconque talent culinaire. Soudain, le Dieu-Lion sortit de sa chambre et se jeta au cou de l’Égyptienne.

« Ahmès ! J’ai un cadeau moi aussi ! Pour sauver les âmes ! »

* Mais qu’est-ce qu’il raconte. * Elle se rendit alors compte qu’il était recouvert de sang. * Il n’a pas essayé de dépecer un mouton lui-même, quand même ? *

« Allez Aker, allons voir ton cadeau. »

Le Dieu-Lion la prit par la main et la tira vers la marmite suspendue au-dessus du feu. Il semblait anormalement énervé… Ahmès redoutait de voir ce qu’il y avait au fond de la marmite, mais elle fut agréablement surprise; Aker semblait avoir préparé un ragoût. Du chou, des fèves, des oignons, de la laitue, des morceaux de pain et des cubes de viande… Le mélange semblait correct. Ahmès prit une cuillère de bois et goûta à la recette. Pas mal, pour une première fois… Il y avait toutefois quelque chose qui la dérangeait.

« Cette viande, elle n'a pas le goût du mouton… Tu n’es quand même pas allé acheter du porc, quand même ? »

Pour être certaine, Ahmès reprit une bouchée. Aker, lui, fit non de la tête.

« Non, pas du porc… Les enfants… Les enfants… Pour Azraël… Comme la lionne… »

* Comme la lionne ? Mais qu’est-ce qu’il… *

Ahmès ouvrit grand les yeux et recracha le morceau de viande. Il ne voulait quand même pas dire ? …

« Non, il ne faut pas cracher ! Il faut manger ! Pour guérir l’âme des enfants ! Pour les guérir ensemble ! … C’est mon cadeau !

- Ne t’approche pas de moi ! Monstre ! … MONSTRE ! »

Ahmès retint un haut-le-cœur. Aker posa une main sur son épaule, mais elle le repoussa violemment.

« MONSTRE ! NE ME TOUCHE PAS !

- Mais… Je… Je t’aime… »

Aker voulut s’approcher d’elle, mais cette fois-ci elle le frappa en plein visage. De nombreuses larmes coulaient sur le visage du dieu. Il continuait d’avancer vers Ahmès en tendant la main d’une manière désespérée. Il ne comprenait pas ce qui se passait… Il avait simplement voulu lui offrir la chance de sauver l’âme des deux enfants…

« JE T’AI DIT DE NE PAS T’APPROCHER DE MOI ! »

Le Dieu-Lion continuait d’avancer sans écouter ce qu’elle disait. Ahmès était désormais acculée dans un coin de la maison. Soudain, Aker s’arrêta net. La pointe d’un sabre dépassait de sa poitrine. Derrière lui se trouvait l’époux de l’Égyptienne… Il était revenu aujourd’hui et c’était pour aller à sa rencontre qu’elle s’était absentée. L’homme retira son épée du corps d’Aker. C’était fini, maintenant.

Ou pas. Une substance blanchâtre vint recouvrir l’énorme plaie et, quelques secondes plus tard, ce fut comme si elle n’avait jamais été là. Aker se retourna, le visage recouvert de larmes, et brisa le cou de l’homme d’un coup sec. Ahmès cria de rage et de désespoir. Elle prit l’épée qui traînait désormais à terre et essaya d’attaquer le Dieu-Lion, mais il l’immobilisa avant qu’elle ne puisse le blesser.

« Non… Pas toi… Pas toi…

- Je ne peux pas croire que je t’ai prise pour un dieu… Monstre. »

Tout dans sa voix ne reflétait que du dédain. Une nouvelle larme apparut au coin de l’œil d’Aker. Ce fut la dernière. En quelques secondes, ses dents devinrent des crocs. Il les planta dans le cou d’Ahmès. Du sang gicla… Elle était sauvée.

« Azraël va s’occuper de toi…

- Est-ce que tout va bien ? … Oh merde… À L’AIDE, QUELQU’UN ! »

Aker se retourna vers la porte… Un villageois s’y tenait, bouche bée devant la scène qu’il avait sous les yeux.

« Je suis ton dieu… Et tu as péché… Vous avez tous péché… »

***

2215 av. JC
Paradis

« Akiel, est-ce que tu sais pourquoi tu es ici ?

- Aker… C’est… C’est Aker mon nom, pas Akiel. Le Dieu-Lion Aker. »

Baruch poussa un soupir et regarda à ses côtés. Presque tous les Archanges étaient là, en plus de plusieurs autres anges.

« Tu es là, Akiel, pour avoir tué 200 villageois à Gizeh, dans les Royaumes d’Égypte. Et je ne sais pas combien de plus tu aurais tué si nous n’étions pas intervenus. Qu’as-tu à dire pour ta défense ?

- Je les ai… Je les ai sauvés. Comme la lionne… Je suis un lion. Pour Azraël…

- Je suis désolé, mais ce que tu as fait, c’est…

- ILS ONT PÉCHÉ ! Les enfants ! Ahmès… Ahmès… Ahmès… Et les villageois ! Ils ont essayé d’attaquer un Dieu ! … Leur Dieu ! » le coupa Aker.

Un silence lourd s’installa dans la salle. Au fond, quelqu’un toussa. Baruch se racla la gorge avant de continuer.

« Akiel, devant l’absence de repentir, je me vois dans l’obligation de te condamner. Archanges, quelle sentence désirez-vous ?

- La mort !

- Merci Michaël… Est-ce accepté par tous ? »

À tour de rôle, les Archanges hochèrent de la tête pour signifier leur approbation. Seul Raphaël s’abstint de toute décision. Il se contenta de baisser la tête avec un air grave.

« Alors ce sera la mort.

- NON ! Ce n’est pas sa faute ! Il ne pouvait pas comprendre ! S’il y a quelque chose à blâmer dans toute cette histoire, c’est l’intelligence que lui a donné Dieu en le créant.

- Attention, Azraël. En dehors de cette cour, vos propos pourraient être tenus pour hérétiques… »

Avec un énorme sourire, Aker regarda dans la direction de celui qui venait de parler. À sa grande surprise, toutefois, Azraël détourna son regard.

« Je partage le point de vue d’Azraël… Akiel est la victime dans cette histoire.

- Raphaël, il ne peut pas rester impuni pour ce qu’il a fait !

- Non, tu as raison Michaël. Mais on ne peut pas le tuer non plus… Je demande l’emprisonnement.

- Bien. Est-ce que cette proposition est acceptée par les autres Archanges ? »

Les Archanges approuvèrent, à l’exception de Michaël.

« S’il doit rester en vie, alors j’exige qu’il soit surveillé par le Gardien. Il n’y a que lui qui puisse maîtriser un tel psychopathe.

- Très bien. Ange Akiel, je te condamne donc à l’emprisonnement dans les cachots d’Atlantide. Puisses-tu obtenir le pardon de tes actes… »

Ambiance musicale

1313 av. JC
Atlantide

« Ils m’ont trahi… Ils m’ont tous trahi… N’est-ce pas Telumiel ? »

L’ange regarda dans le coin de la cellule. Alors qu’il n’y avait personne un instant plus tôt, Telumiel s’y tenait désormais. Il avait le visage ensanglanté, mais Aker l’aurait reconnu n’importe quand… Telumiel, le seul qui l’ait jamais compris.

« C’est parce qu’ils sont des Pécheurs, Aker. Ils ne veulent pas que tu sauves les âmes perdues. Ils veulent les faire souffrir en Enfer. Ils sont aussi pires que des démons…

- Oui, tous des Pécheurs… Oui… Sauf toi. Telumiel est gentil…

- Mais je suis mort, Aker.

- Non, Telumiel n’est pas mort… J’ai guéri… J’ai guéri…

- Même toi, tu ne peux pas me ramener à la vie, Aker. Mourir pour rendre le monde meilleur, rappelle-toi… Nous devons tous mourir pour rendre le monde meilleur. Tu dois tous nous tuer…

- NON ! PAS TELUMIEL ! TELUMIEL EST GENTIL ! »

Aker cligna des yeux. En un instant, il était de nouveau seul dans sa cellule. Cette petite cellule insalubre où il allait passer le reste de l’éternité seul. L’ange poussa un cri bestial. Telumiel… Telumiel n’aurait jamais dû mourir…

Soudain, un visage apparut de l’autre côté des barreaux de sa cellule. Ce visage, il ne l’avait que trop vu depuis le dernier millénaire. Le Gardien. Akiel n’avait jamais su son véritable nom. C’était lui qui surveillait les prisonniers à Atlantide en raison de son don pour annuler les pouvoirs des Immortels. On disait que personne n’avait jamais réussi à le surpasser… Le geôlier passa un petit bol de nourriture dans l’ouverture pratiquée sous la porte.

« Essaie de bien te tenir aujourd’hui, Akiel. Il y a des nouveaux. »

Aker, encore prisonnier de l’image de Telumiel dans son esprit, lâcha un nouveau cri bestial et se propulsa vers les barreaux. Il essaya d’agripper le Gardien, mais sans succès. Et soudain, il les vit… Quatre Immortels, escortés par tout un troupeau d’anges. L’un des condamnés avait le teint blême et d’épais cheveux noirs qui descendaient sur son visage. Il fixa Aker d’un air malveillant et le Dieu-Lion ne put s’empêcher de déglutir lentement. Puis il y avait l’autre homme. Celui-là avait également les cheveux noirs, mais plus courts que ceux de son compagnon. Il se contentait de regarder le sol, mais le sourire qu’il faisait n’avait absolument rien de rassurant ou de repentant. Et finalement, il y avait les deux jumelles, deux fillettes identiques qui ne semblaient pas avoir plus de quinze ans. Soudain, d’un geste sec et parfaitement synchronisé, les quatre Immortels se dégagèrent de l’emprise de leur "escorte". Alors que ses compagnons essayaient de maîtriser les gardes, une des jumelles se dirigea à pleine vitesse vers le Gardien. Elle lui sauta au cou et vint déposer un baiser sur ses lèvres… En quelques secondes, tout fut terminé. Le Gardien la jeta au sol, alors que les autres condamnés avaient eux aussi été immobilisés.

« C’était très agréable, merci, lança ironiquement le Gardien alors que la fillette à ses pieds affichait un air boudeur. Baiser de la Mort, n’est-ce pas ? Désolé, ça ne fonctionnera pas avec moi… Mettez-les dans des cellules différentes. »

***

420 av. JC
Atlantide

« C’est l’heure de manger ! »

Aker se lança vers les barreaux de sa cellule. Il essaya d’agripper le Gardien… Sans succès, comme d’habitude. L’ange cracha en direction de son geôlier, puis il saisit le bol de nourriture. À ses côtés, Telumiel lâcha un petit rire sec.

« Tu devrais essayer d’être plus subtil, Aker. À ce rythme-là, tu vas rester ici pour le reste de l’éternité… Et c’est exactement ce que veulent les anges. Ils veulent que tu restes ici pour qu’ils puissent envoyer plus d’âmes en Enfer… Ils ne veulent pas que tu les sauves… N’oublie pas, tu es celui qui doit amener la Lumière au Paradis. Tu es notre sauveur…

- AAAAAAaaaaaaaaHHHHHHH ! »

L’ange propulsa son bol en direction du coin où se trouvait Telumiel. Le récipient traversa l’ange sans rencontrer la moindre résistance et se fracassa contre le mur.

« Allez, embrasse-moi ! »

Dans la cellule d’à-côté, la fillette vint déposer ses lèvres sur celles du Gardien. Elle s’en détacha quelques instants plus tard avec toujours le même air boudeur.

« Tu essaies à chaque jour depuis plus d’un millénaire, Teoya. J’aurais cru que tu aurais compris depuis le temps…

- Un jour… Un jour je t’aurai. Et tu peux être certain que ce jour-là, je vais aspirer jusqu’à la dernière goutte de vie en toi.… »

C’était le même scénario à chaque matin. Mais, en cette journée de l’an 420 av. JC, un ange paniqué brisa la routine.

« C’est Léviathan ! … Léviathan attaque Atlantide !

- Retourne combattre, soldat. Je dois surveiller ceux-là ! »

Une énorme secousse fit trembler les murs. La guerre venait de les rejoindre… Une éternité sembla passer. Le Gardien, une immense épée à la main, fixait l’unique entrée menant à la prison. De l’autre côté, c’était un véritable vacarme. Des cris, des explosions, le bruit d’armes qui s’entrechoquent. Aker, curieux, avait le visage collé contre les barreaux de sa cellule. Soudain, ses yeux semblèrent doubler de grandeur… C’était lui…

Un véritable colosse venait de traverser l’entrée de la prison. Quatre énormes cicatrices barraient son visage et se prolongeait sur une bonne partie de son torse. Toutefois, malgré cette défiguration, Aker le reconnut aussitôt. Celui qui avait tué Telumiel se trouvait devant lui… Moloch.

Le démon fit un pas de plus. Aussitôt, l’armure de pierre qui recouvrait l’ensemble de son corps disparut. Moloch cracha par terre et frappa ses poings l'un contre l'autre.

« Le Gardien, j’imagine ? Même sans mes pouvoirs, je vais quand même pouvoir écraser ton petit visage d’ange. Allez, amène-toi ! »

Le Gardien avançait lentement, son énorme épée devant lui. Mais soudain, il lâcha un cri de douleur et posa un genou au sol. C’était comme si on venait de planter mille aiguilles dans son corps. Avec un frisson, il comprit ce qui était en train de se passer : quelqu’un était en train de percer la barrière de ses pouvoirs. Il eut à peine le temps de tourner la tête qu’un gigantesque lion surgit de la cellule d’Akiel. Les barreaux qui le retenaient prisonnier quelques instants plus tôt étaient dans sa gueule, complètement tordus.

« Toi ! Tu vas payer, ange ! Regarde ce que tu as fait à mon corps ! » lança Moloch en montrant les énormes cicatrices qui marquaient son visage et son torse.

Ce fut malheureusement tout ce qu’il eut le temps de dire… L’énorme lion s’élança vers les deux Immortels. Le Gardien pointa son arme vers le félin qui fonçait vers lui, mais l’animal ignora complètement la menace et bondit sur son bourreau des deux derniers millénaires. La lame ne fit que le frôler, alors que l’ange était plaqué au sol sous la force de l’impact. Une des pattes retomba sur son torse et un énorme craquement se fit entendre. L’Immortel voulut crier, mais au même instant une seconde patte se posa sur son visage. Le crâne se fendit, s’écrasa, puis s’aplatit. Des bouts de cervelle et de sang éclaboussèrent le pelage doré de l’animal. Celui-ci n’avait nullement ralenti sa course. Moloch, qui avait retrouvé ses pouvoirs au moment de la mort du Gardien, transforma sa peau en pierre. C’était malheureusement inutile. D’un seul coup de dents, le lion arracha et goba la tête de son adversaire. Le corps sans vie s’écroula au sol…

Le lion disparut pour laisser sa place à la forme humaine d’Aker. Celui-ci s’étendit sur le sol recouvert de sang et se replia en position fœtale. À ses côtés, le corps décapité de Moloch se releva. Un des prisonniers, celui qui avait le teint blême, fixait le cadavre sans cligner des yeux. Seuls ses doigts bougeaient, un peu à la manière d’un marionnettiste. Pas à pas, le cadavre se dirigea vers la cellule. Puis, d’un geste sec, il arracha les barreaux qui gardaient l’Immortel prisonnier. De son côté, la fillette qui possédait le Baiser de la Mort pointa ses mains droit devant elle. Pendant un moment, tout son corps sembla enveloppé de lumière, puis un rayon incandescent s’échappa d’elle et fit fondre les barreaux. Désormais libre, elle se dirigea rapidement vers le cadavre du Gardien et prit le trousseau de clés qu’il avait dans la poche. Elle libéra alors les deux autres anges qui étaient arrivés en même temps qu’elle. Le deuxième homme du groupe avait désormais pris la forme d’une panthère noire. Il s’élança à toute vitesse vers le mur au fond de sa cellule. Les pierres explosèrent sous la force de l’impact. De l’autre côté, l’océan à perte de vue.

La panthère retrouva forme humaine, puis, un à un, les quatre anges déployèrent d’immenses ailes noires. Des Déchus… Alors qu’ils allaient s’envoler, une voix retentit derrière eux.

« Non ! Je veux… venir… avec vous… Vous… êtes… comme moi… »

Les quatre anges se regardèrent un moment, puis celui qui s’était transformé en panthère acquiesça. Il s’approcha d’Aker et l’aida à se relever.

« Lui, fit-il en pointant l’homme au teint blême, c’est mon frère Mitclan. Un peu tordu, mais sympathique. Elles, se sont mes deux sœurs. Tu peux les appeler les Jumelles, c’est plus simple comme ça…

- Va te faire foutre, le Poilu. On a un nom nous aussi, lança celle qui possédait le Baiser de la Mort non sans un petit sourire espiègle en direction de son frère.

- La petite peste qui vient de parler, c’est Teoya. Si tu veux un conseil, ne l’embrasse jamais. À ce que je sache, personne n’y a jamais survécu. Elle, dit-il en pointant l’autre fille, c’est Althe. Côté sadique, c’est de loin la pire de la famille. Et moi, je suis l’unique et le fabuleux Tezcal.

- Je suis Aker… Le Dieu-Lion Aker…

- Rien que ça ? demanda Tezcal avec un sourire. Tu as toujours tes ailes, j’espère ? »

Aker déploya ses ailes. La lumière qui les habitait auparavant avait complètement disparue. Elles étaient désormais aussi noires que celles des quatre autres Immortels.

« Je ne crois pas que les anges vont nous laisser tranquilles. Je connais un coin dans la région de Sparte… J’ai toujours bien aimé l’endroit, j’espère seulement qu’il existe encore. On n’aura qu’à attendre qu’ils se lassent de nous chercher.

- Parce tu croies qu’ils vont nous laisser partir ? Après ce que nous avons fait ? le coupa Althe.

- On peut toujours espérer, non ? »

Une nouvelle secousse ébranla Atlantide.

« Allez, on s’en va d’ici. Je ne sais pas combien de temps les anges vont pouvoir tenir contre Léviathan. »

Act III † And God Sent His Saviour On Earth †

C'est la dernière partie, je vous le promets ^^''

Encore une fois, merci de ne pas poster tant que la fiche n'est pas finie.

@Eden/Rhaziel : J'ai modifié la fin de ma description de pouvoirs. Je vous laisse également libres de changer la couleur de Baruch, puisqu'il est un PNJ "universel".

Pour ce qui est des couleurs d'Althe, de Teoya et de ~~Tezcatlipoca~~ Tezcal (mouaha, spoiler pour les anciens de la v.1 XD), ne les ajoutez pas tout de suite à la liste de couleurs. Je ne suis pas sur mon ordi et apparemment les couleurs ne ressortent pas exactement pareil. Je vais regarder le résultat final demain et choisir si je change ou non^^

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