A Nightmare Begins Tonight. {Finish}

Los Angeles, la ville des Anges.

Une neige épaisse commence à tomber pour accueillir la nuit qui vient de s’étendre sur la ville. Phénomène normalement inhabituel ici, les habitants ont fini par s’y faire, même si l’adaptation à un froid arctique est encore très difficile pour des gens habitué à un soleil radieux tout au long de l’année. A une époque, la ville portait bien son nom avec son ensoleillement perpétuel, ses fêtes qui prenaient la rue comme terrain de jeu, ses jeunes filles en bikini et mini-jupe que l’ont pouvait voir autant sur les plages que dans la ville elle-même.
Cette nuit, comme toute les autres avant elle depuis plusieurs semaines, seule la cruelle morsure du froid borde ses habitants, pelotonnés sous leur couette, ou buvant dans un quelconque bar ou discothèque, chacun cherchant le meilleur moyen de se réchauffer.
Tous se posent la même question : comment et pourquoi un froid pareil s’est-il abattu ici, où la lumière et la chaleur étaient autrefois reines ? Un phénomène météorologique inconnu ? Le réchauffement de la planète ? Personne ne saurait le dire… Sauf quelques personnes, cachées dans l’ombre, mêlées à la foule. Des gens comme lui…

Quelque part au loin, dans les collines d’Hollywood, une forme étrange vient d’atterrir sur le premier L du HOLLYWOOD géant que l’on peut apercevoir. Une lumière blanche éclatante entoure la forme mais disparaît très rapidement. C’était comme une apparition fugace, presque irréelle, comme si elle cherchait à ne pas être vue…

Rhaziel regarda la ville du haut du grand L où il se trouvait. Il sentait la présence d’un très grand nombre d’anges et de démons par ici, et laisser ses ailes apparentes dans cette nuit sombre n’était pas la plus brillante des idées. Il ferma les yeux et savoura l’air froid qui l’entourait. Il profitait d’un des rares moments où il avait tout ses esprits, ce qui était une rareté en soit depuis qu’il était sorti de l’Entremonde. Mais il n’était pas dupe, Asphelion était toujours présent, la douleur cuisante dans son bras droit ne cessait de le lui rappeler.
Rhaziel continuait d’observer la ville en silence. Il se demandait où pouvait bien se trouver Eden. Car il en était certain, elle était ici, bien vivante, et il devait la trouver. Celle qu’il aimait avait besoin de lui, et il était de son devoir de la sauver.
A peine l’image d’Eden s’était-elle immiscé dans l’esprit de Rhaziel qu’Asphelion repris le contrôle.

Asphelion – Tue-la !

Rhaziel – N… No… Non !

Asphelion – Tue-la ! Elle est ton ennemie, et tu dois l’exterminer !

Rhaziel – Je… Tu…

Asphelion – Ecoute moi ! Tue-la !

Rhaziel – Oui… Tu as raison… Je… La… Tuerai…

Puis la chaîne se mit à bouger frénétiquement dans son bras ce qui arracha à Rhaziel un grand cri de souffrance. Il se laissait à nouveau aller à la folie, essayant tout de même de lutter contre cette arme qui le rongeait de l’intérieur. Il avait essayé à plusieurs reprises de se l’arracher, de prendre le dessus, de la vaincre, mais en vain. Et le silence continu de Séphiriel qui semblait avoir lui aussi sombré sous la force d’Asphelion n’aidait pas Rhaziel…

Il tomba, se retenant de justesse sur ses deux bras, les genoux pliés. La neige commençait à fondre autour de lui, et des flammes surgissaient de partout. Une fois de plus, il perdait le contrôle de ses pouvoirs, menaçant de tout brûler autour de lui. Puis la douleur le submergea, et il sombra dans les limbes de sa folie, laissant tout contrôle à sa chaîne, une fois de plus…

Librairie Déchirure
23h30

Trois gouttelettes d’eau traversèrent la pièce à toute vitesse et vinrent transpercer le mur opposé en y laissant des impacts similaires aux balles d’un revolver. Ryû fulminait et, l’espace de quelques instants, son visage avait perdu toute trace de cette sérénité ou de cette paix intérieure que l’on s’attend à voir chez un ange. N’eut-il été un être céleste, on aurait pu le croire capable de meurtre. À ses côtés, Duke Winchester affichait un air anormalement grave, alors que Markus semblait être un véritable copier-coller de son leader… Un silence lourd venait de s’installer dans les sous-sols de la librairie, là où les huit Croisés étaient en train d’installer leur quartier général. Plus personne ne bougeait, comme si le temps avait soudain décidé de s’arrêter.

Un reflet métallique vint rappeler aux Immortels que les secondes s’écoulaient toujours. Yume Zaraki, dont le visage n’affichait absolument aucune émotion, venait de dégainer son katana. Elle était prête à protéger la cible de l’attaque de Ryû, quitte à mettre une croix sur cette fragile alliance entre anges et démons. Et de tous les Immortels présents, la cible de l’ange était la seule personne à ne pas afficher de mine grave… Au contraire, cette personne donnait la chance aux anges de contempler sa dentition parfaite dans un sourire qui n’avait rien, mais absolument rien de chaleureux. C’était le genre de sourire satisfait que l’on affiche après un mauvais coup réussi... Bélial. Sans doute l’un des démons les plus détestables des Enfers et, sans aucun doute, le pire placé pour travailler avec des anges… Avec quiconque, d’ailleurs.

« Tu me déçois, Ryû… J’aurais cru qu’un ange comme toi n’aurais pas été du genre à s’enrager si facilement. Un peu plus et je croirais que tu as un faible pour Chandelle… La pauvre, elle semble si perdue que ça en est ridicule. Toute cette histoire à propos de Rhaziel, il est temps qu’elle passe par-dessus. Elle a retrouvé ses ailes, non ? Il n’y a plus de raison de pleurer. Et de toute façon, je préfère de loin avoir ma liberté, plutôt que d’agir en véritable chien aux pieds d’un faux dieu qui se complait par sa propre importance.

- Bélial… Un jour, je te tuerai. Je te le jure.

- Moi aussi je t’aime Ryûnichou » ajouta le démon en élargissant encore plus son sourire.

Pendant un moment, l’ange sembla sur le point d’attaquer une nouvelle fois, mais il se retint au dernier moment. Il se retourna plutôt avant de grimper les escaliers. Une fois à mi-hauteur, il se retourna vers les deux autres anges présents au sous-sol.

« Duke, Markus, finissez de préparer le QG. Je vais aller m’occuper de la librairie. »

Cela ne sembla pas faire plaisir aux deux Immortels, mais ils finirent par se plier à la volonté de leur chef. De toute façon, l’aménagement était presque terminé. L’ameublement était plutôt sommaire, mais il ferait son travail pour la durée du séjour des Immortels. Soudain, Róman fit son apparition. Le jeunot avait la mauvaise habitude de toujours se trouver à proximité de Bélial. Un démon typique, qui essayait d’acquérir une plus grande notoriété en se tenant près des démons majeurs. Mais bon, il avait ses utilités… Présentement, toutefois, ce n’était pas bon signe de le voir revenir seul. Quelques heures plus tôt, Bélial l’avait envoyé dans les rues de la ville pour essayer de trouver Chandelle qui, une fois encore, avait fugué sans ne rien dire à personne. Comme s’il craignait une réprimande (justifiée) de son supérieur, Róman baissa les yeux avant de s’adresser au Prince des Mensonges.

« Aucune trace de Chandelle, je ne sens même pas sa présence… »

Justement ce qu’il ne voulait pas entendre. Habituellement, Bélial ne s’occupait pas trop des fugues de Chandelle : elle finissait toujours par revenir à eux, attirée par sa soif de vengeance. Mais ici, à Los Angeles, la situation n’était pas la même. Il ne s’agissait plus seulement de trouver et de chasser les Renégats. S’ils étaient venus ici, c’est en partie parce que toute cette histoire autour de la météo ressemblait trop à « sa » signature. Certes, le Prince avait vu le cadavre d’Eden après qu’elle ait tout perdu et qu’elle se soit sacrifiée pour sauver Paris, mais tout cela lui ressemblait trop. Depuis qu’ils étaient arrivés à Los Angeles, Bélial tentait de se convaincre que tout cela était l’œuvre d’un simple Renégat, mais il en était incapable. Il régnait sur la ville une aura qui ressemblait beaucoup trop à celle qui régnait sur Paris, deux ans plus tôt. Quelque chose clochait. D’un autre côté, jamais Eden ne serait stupide au point d’annoncer sa présence d’une manière aussi flagrante, pas en sachant que le Vieux et le Cornu voulaient sa perte…

Alors avec Chandelle dehors, cela risquait de compliquer les choses. Idéalement, Bélial souhaitait prendre l’ex-Impératrice par surprise pour l’éliminer sans effort. Mais si l’ange la trouvait en premier, cela mettrait son plan à l’eau… Le Prince des mensonges poussa un long soupir.

« Je savais que ça allait finir par ça… Je vais aller la chercher. »

***

00h15
Collines d’Hollywood

Pourquoi était-il venu ici ? Bélial n’en savait rien. Sitôt sorti de la librairie de Ryû, le Prince des Mensonges avait marché sans destination précise dans la ville, en se basant sur son instinct pour le guider là où il se devait d’aller. Accoutré d’une simple chemise noire et de son sempiternel chapeau, le démon s’était attiré les regards des quelques passants qu’il avait croisés dans les rues de la cité des anges. La raison de cet habillement était bien simple : il était tout simplement incapable de ressentir la morsure du froid. De par ses pouvoirs, son corps était toujours maintenu à une température plus élevée que la normale. D’ailleurs, la neige sous ses pieds fondait à chaque pas.

Soudain, un reflet de lumière capta son œil. Il provenait du HOLLYWOOD géant, sur la colline. Même si aucun mortel n’aurait pu déterminer la source de cette lumière, Bélial l’identifia aussitôt. La signature caractéristique d’un ange. Chandelle ? Non, ça serait trop facile, d’autant plus qu’elle semblait faire son possible pour rester aussi loin de lui que possible. Un Renégat ? Un sourire perça le visage du démon… Il allait peut-être pouvoir s’amuser un peu.

Plus Bélial s’approchait des collines, plus la présence angélique devenait définie. Il ne s’était pas trompé. Soudain, un cri brisa le silence de la nuit. Pendant un instant, le démon resta figé sur place. Ce qu’il venait d’entendre était le cri d’un fantôme… Le Prince secoua la tête. Non, il devait s’être trompé. Simplement une autre personne dont la voix « lui » ressemblait… Le démon gravit les derniers mètres qui le séparaient de l’Immortel. Ce qui se dessina sous ses yeux n’était qu’une forme emprisonnée dans les flammes, mais cette forme, Bélial ne la connaissait que trop bien…

« Quitte à se sacrifier, Eden aurait au moins pu bien réussir son sort… Ça fait longtemps, Rhaziel… »

Le pouvoir dit-on, est une chose merveilleuse, du moment qu’il est utilisé avec humilité et sagesse, toujours au service des autres. Cette phrase que Rhaziel avait souvent entendue était d’une stupidité alarmante, mais sa quête de puissance l’avait été d’autant plus…

Des flammes l’entouraient. Le monde autour de lui n’était que feux, brasiers, cendres. Submergé à la fois par son pouvoir et par Asphelion qui contrôlait son esprit, Rhaziel ne cherchait plus à lutter. A quoi servait-il de résister face à un tel adversaire ? Il devenait un peu plus fou à chacune de ses tentatives pour se débarrasser de cette chaîne qui le gangrenait.
Il était prisonnier de son propre pouvoir, et cela le rendait extrêmement dangereux. Autant pour les autres que pour lui-même. Il avait toujours cherché à obtenir une force ultime. Mais maintenant qu’il la possédait, il payait le prix de sa trop grande gourmandise.

Puis, sans qu’il en connaisse la raison, le monde autour de lui sembla à nouveau accessible, à nouveau réel. L’influence d’Asphelion sur lui baissait petit à petit, comme si le mur qui séparait son esprit de la réalité venait d’être percé. Sa chaîne était toujours là, bien présente et avait toujours le contrôle de l’ange, mais cela ne l’empêchait pas de ressentir ce qu’il y avait tout près de lui. Il se rendit alors vite compte que c’était une voix qui en était l’origine. Et même s’il ne comprenait pas les paroles que cette voix avait prononcé, il l’aurait reconnu entre mille, tellement la haine qu’il éprouvait pour ce démon était grande…

Rhaziel – Toi…

Un bruit de chaîne. Un rire démoniaque. Asphelion était toujours là, mais Bélial ne pouvait l’entendre.

Asphelion – Magnifique ! Un autre jouet…

Les flammes qui entouraient le corps de l’ange disparurent, et c’est avec difficulté qu’il se releva, faisant face au démon. Il avait retrouvé temporairement tout contrôle physique et spirituel, mais il soupçonnait que ce n’était pas par charité que son arme l’avait laissé tranquille…

Asphelion – Je ne peux me permettre d’interférer dans des retrouvailles aussi émouvantes… Mais méfie-toi Rhaziel, je suis toujours là… Je te surveille…

La voix se tût, et un silence angoissant sépara alors les deux ennemis de toujours. Rhaziel voyait distinctement chaque détail de ce visage qu’il détestait par-dessus tout, ainsi que ce sourire qui avait le don de charmer ou d’énerver selon les circonstances.

Rhaziel – Bélial... Tu as vraiment un don pour arriver au mauvais moment...

L’ange lui rendit son sourire. Le genre de rictus qui en disait long sur la relation qui unissait les deux immortels. Il avait à nouveau la possibilité de tuer Bélial, ainsi que la puissance nécessaire pour que le démon soit rapidement surpassé. Pour la première fois depuis sa sortie de l’entremonde, il commençait à sentir le point positif de la possession d’Asphelion et de Séphiriel…

2 ans plus tôt
Paris

La pièce de métal ne reflétait absolument aucune lumière. Au contraire, elle semblait même l’absorber, tant sa noirceur était totale. Une épée qui irait parfaitement avec son maître. La lame elle-même était longue d’environ un mètre et demi. Beaucoup plus large à son extrémité que près de la garde et affichant une courbure assez prononcée, elle avait des allures de cimeterre arabe, en plus grand. La garde était faite du même métal opaque, à l’exception d’un rubis incrusté légèrement avant la lame. Le Forgeron, visiblement fier de son travail, fixait Bélial intensément, un sourire au coin de lèvres. Les deux hommes se trouvaient à l’ombre d’une ruelle, non loin du chantier de reconstruction du Louvres.

« N’essaie pas, Forgeron. Tu as eu ton paiement à notre dernière rencontre, fit Bélial avant d’arracher l’arme des mains du vieillard.

- En fait, j’espérais simplement un « merci »…

- Plutôt mourir, lâcha le démon avec un rictus. Sauf si en échange je peux reprendre le cadeau que je t’ai « donné » pour cette arme. Va savoir ce qu’un vieillard peut bien vouloir faire avec une des magies mortelles les plus anciennes de cette Terre… J’aurais plutôt dû te donner un marteau enroulé d’un gros ruban rouge… »

Le Forgeron haussa un sourcil, l’air de vouloir dire « teste-moi ». Bélial poussa un soupir et se mit pour devoir d’inspecter l’arme qu’il venait de recevoir. Dans ce genre de situations, il n’y avait plus rien à tenter avec le vieillard. Avec un peu de chance, il s’étoufferait en essayer de prononcer une incantation, ou alors il aurait une crise cardiaque devant un sort trop puissant pour lui. Si ça se trouvait, il allait seulement garder cette magie dans un recoin avec toutes les breloques données par les autres Immortels.

Au moins, il avait une fois de plus fait honneur à son nom et à sa réputation. Tant qu’il continuerait à faire des armes de cette qualité, la vérité derrière les dizaines de mystères l’entourant serait bien le dernier des soucis du démon. La lame était de loin plus coupante que n’importe quelle arme mortelle. L’épée était également d’une légèreté extrême. C’est comme si Bélial n’avait rien dans les mains. Au cou du démon, Oukal commença à se trémousser et il se détacha lui-même de sa chaîne. Une lumière rouge s’en dégagea pendant quelques instants, suite à quoi le cimeterre disparut complètement. Le scorpion revint ensuite s’accrocher au cou de son maître. C’est lui qui allait garder la nouvelle arme de Bélial : Teloch.

« Je crois qu’il est temps pour moi de retourner à Pandémonium… J’ai une révolution à préparer.

- Ah… Alors tu veux manquer le spectacle ?

- De quoi veux-tu parler ?

- Aucune idée, marmonna le vieillard en regardant au bout de la ruelle d’un air désinvolte.

- Et si je te paye un verre plus tard ?

- Alors il serait possible que tu veuilles te rendre près de la tour Eiffel au plus vite. »

La tour Eiffel, là où les anges avaient installé leur QG… Décidément, le Forgeron était au courant de quelque chose. Sans perdre une seconde, et sans remercier le vieil homme, Bélial quitta la ruelle pour se diriger vers l’endroit indiqué, tout en se gardant une certaine distance. La nuit était en train de tomber et les touristes avaient déjà quitté les lieux. Pourtant, au loin, le démon put apercevoir trois formes : Eden, Rhaziel et Maëlys Feder, l’Élue. En un instant, Bélial comprit ce qui se déroulait devant ses yeux. L’affrontement final avait finalement commencé... Le Forgeron, qui avait suivi le démon à une certaine distance, vint se placer aux côtés de Bélial.

« Alors tu vas l’aider ?

- Si par « l’aider » tu veux dire rester ici et espérer que les Jumeaux s’entre-tuent, alors oui, répondit Bélial avec un sourire en coin. Tout ce que je regrette, c’est de ne pas avoir pris le temps d’acheter du popcorn sur notre chemin pour venir ici… »

La noirceur se faisait de plus en plus présente, mais, sous la tour Eiffel, des éclats écarlates et bleutés illuminaient la structure d’acier. Malheureusement, la glace, aussi puissante soit-elle, est inutile contre le feu. Sans l’aide de Bélial, Eden allait être vaincue d’un moment à l’autre et le démon ne comptait pas lever le petit doigt. Malgré la distance, Bélial pouvait bien voir que Rhaziel n’était plus lui-même. Il semblait être complètement consumé par une folie destructrice. Autant ne pas l’enrager plus que nécessaire, surtout que si tout se passait comme prévu, le Prince des Mensonges deviendrait Roi…

Eden, voyant qu’elle ne pourrait prendre le dessus sur son frère, fit un geste qu’elle n’aurait sans doute jamais considéré en d’autres occasions. D’un coup bien placé, l’Impératrice sacrifia l’Élue, ouvrant ainsi la Boîte de Pandore. Elle servit alors de ce pouvoir supplémentaire afin d’entamer une nouvelle incantation.

« L’idiote… Elle ne peut pas ouvrir le portail deux fois en si peu de temps. Personne ne le peut. Même avec les pouvoirs de l’Élue, cela va demander tellement de puissance magique que je redoute le résultat final.

- Il n’y a que moi ici, Bélial. Tu sais aussi bien que moi comment cela va se finir, alors n’essaie pas de te cacher derrière ta fausse pitié. Je sais bien que tu en es incapable.

- Personne n’est parfait…

- Et les démons de ton espèce sont les pires.

- Tu vas me faire rougir si tu continue comme ça » répondit Bélial avec un rictus.

Rhaziel tenta bien d’arrêter Eden, mais il n’eut jamais le temps de l’atteindre. Comme si l’air lui-même se déformait, une brèche apparut au niveau de l’ange. Il tenta bien de lutter, mais en l’espace de quelques instants il fut aspiré, puis la brèche se referma en le gardant prisonnier à tout jamais. De son côté, le sourire de Bélial semblait lutter avec les lois de la biologie pour aller rejoindre ses oreilles. Ses yeux, qui semblaient s’être embrasés d’une lueur malsaine, n’avaient rien manqué de l’affrontement. Sitôt le portail refermé, Eden était tombée au sol et l’aura qui se dégageait normalement de tout être vivant, mortel ou immortel, avait disparue au même moment. Elle était morte.

« Pour ce verre, je me ferai une joie de t’offrir un drink royal… Une fois que je serai bien installé sur le trône des Enfers, passe me voir. »

Sans un mot de plus, Bélial se retourna et quitta le Forgeron, sans même remarquer la mine anormalement grave que le vieillard affichait…

***

00h30
Collines d’Hollywood

Bélial secoua la tête. Tout cela n’était qu’un affreux cauchemar. Il avait vu la fin du livre de ses propres yeux ! Séphiriel est créé et se sépare en ceux qui seraient connus sous le nom des Jumeaux. Eden est bannie du Paradis et se retrouve en Enfer. Les deux s’affrontent à travers les âges et finalement Eden meurt en enfermant Rhaziel à tout jamais dans un autre plan d’existence. Fin de l’histoire, une tragédie shakespearienne à son meilleur. Ils vécurent malheureux et n’eurent aucun enfant, non ? NON ? Et pourtant voilà qu’il se trouvait à Los Angeles à cause d’une foutue météo délinquante et, comble de tout, il se retrouvait face à Mister L’Ange-Agressif sur les foutues collines d’Hollywood !

Comme si souvent quand les évènements ne se déroulaient pas comme il l’avait prévu, Bélial sentit la rage s’emparer peu à peu de lui. Ce sentiment, étrangement, avait quelque chose de réconfortant pour le démon. Les pupilles de ses yeux tournèrent au rouge, ses muscles se crispèrent sans même qu’il ne le leur demande, ses poings se serrèrent. L’ange devant lui, toutefois, n’avait que l’apparence de Rhaziel en commun avec celui qu’il avait affronté de si nombreuses fois. Son état semblait avoir empiré depuis la dernière fois qu’il l’avait aperçu, juste avant qu’il ne se fasse enfermer dans l’Entre-monde. L’ange semblait avoir perdu complètement le contrôle de lui-même et de ses pouvoirs. Le feu qui l’entourait en était la preuve. Mais ce feu baissa d’intensité quelques instants seulement après qu’il ait parlé à son rival de toujours. Cela permit à Bélial de remarquer un changement critique chez l’ange : une chaîne semblait s’être incrustée dans son bras et, bizarrement, le bout de métal semblait émettre une aura presque maléfique.

« Tu sais, l’avantage d’une chaîne, c’est qu’on peut facilement l’enrouler autour de nos épaules ou à notre taille. Pas besoin de se défoncer le bras pour la transporter… »

Et oui, on ne corrige pas les mauvaises habitudes d’un démon aussi vieux que le monde. Même devant une situation potentiellement dangereuse et devant un être à la conscience instable, Bélial ne pouvait s’empêcher de provoquer. Avec beaucoup d’efforts, il réussit à se calmer un peu et à adopter son habituelle attitude cynique, mais, derrière ses airs condescendants, le démon analysait la situation le plus rapidement possible pour comprendre ce qui était en train de se passer. La chaîne avait certes une aura malsaine, mais d’un autre côté elle lui était vaguement familière… La température intérieure de Bélial monta de quelques degrés : il était prêt à se battre s’il le devait. Devant l’attitude de Rhaziel, cela pouvait arriver à n’importe quel instant. Et de toute façon, quoi de mieux que de tuer le Renégat #1 pour avoir une raison valable de retourner aux côtés de Satan et enfin mettre son plan en action… À son cou, Oukal-al-Morhiaki se détacha de sa chaîne et grimpa jusqu’à l’épaule de son maître. Le scorpion était prêt lui aussi.

Finalement, Rhaziel sembla redevenir assez lui-même pour articuler une phrase complète.

« Je sais… Pour une fois que je viens à Los Angeles, il faut qu’il y ait de la neige. Si Eden n’était pas morte en t’enfermant, je dirais qu’elle fait ça juste pour m’enrager… »

Bélial affichait un air faussement innocent derrière ses yeux écarlates. Cette phrase n’avait pas été lancée à tout hasard. Personne chez les Immortels n’avait un lien équivalent à celui de Rhaziel et Eden. Si elle était vivante, alors il devait le sentir. Du moins partiellement. Alors en cet instant le démon scrutait le visage de son vis-à-vis pour y déceler le moindre changement. Un sourire, un rictus, un haussement de sourcil, n’importe quoi pour affirmer ou infirmer ses hypothèses…

{Hors RP :Sauf indication RP, et ce sera le cas pour tout mes autres topic, les conversation entre Rhaziel et Asphelion se font dans son esprit, donc inaudible pour qui que ce soit ^^}

Rhaziel – Eden est morte Bélial. Même toi tu devrais le sentir… Comment voudrais-tu que je sois sorti de ma prison si elle était encore en vie ?

Rhaziel fixait le démon avec insistance. Il connaissait la haine de Bélial envers sa sœur, et il était essentiel qu’il ne sache pas qu’elle était encore en vie. Heureusement, il était devenu expert dans le camouflage de ses sentiments, et ce fut sans aucune difficulté qu’il resta impassible devant la provocation de son rival. Mais une petite voix qu’il ne connaissait que trop bien avait une autre idée en tête…

Asphelion – Ce n’est pas très bien de mentir Rhaziel… Quelle honte pour l’ancien archange de la justice…

Asphelion était encore plus agaçant que Bélial et tout les Enfers réuni. Il avait un don pour toujours intervenir quand il ne le fallait pas.

Asphelion – Allez Rhaziel, arrête de résister et utilise moi. Attaque-le avec ma puissance…

L’ange faisait preuve d’une volonté hors du commun pour ne rien laisser paraître du combat interne qui se déroulait dans son esprit.

Asphelion – Tu sais que j’ai la puissance pour le détruire… Et tu veux la mort de ce démon… Je le sais Rhaziel, je suis en toi… Je suis toi !

Une nouvelle douleur dans le bras. Rhaziel venait de plier le genou, tombant presque. Il se retint de justesse, et resta quelques secondes à respirer fortement, sentant sur lui le regard perplexe de son ennemi. Il devenait fou, et il le paraissait encore plus. L’influence de son arme devenait de plus en plus importante, rongeant son être et son esprit un peu plus chaque jour… Que se passerait-il si Rhaziel l’écoutait ? Que se passerait-il s’il décidait d’attaquer Bélial avec la puissance d’Asphelion ? Il n’avait encore eu aucun combat à mener depuis sa sortie de l’entremonde, mais il n’était pas dupe. Bientôt viendrait l’heure des conflits, et il n’aurait d’autre choix pour se défendre que de se servir de sa chaîne. Ce moment était-il déjà arrivé ? Il n’en savait rien…

Asphelion – Tu es à moi, accepte-le… Si tu ne le fais pas, je le ferais pour toi…

Rhaziel – Ni toi… ni Bélial… ne feraient du mal… à Eden…

La voix de sa chaîne se faisait de plus en plus menaçante.

Asphelion – Et comment comptes-tu m’arrêter ? En gémissant ?

Rhaziel – Laisse moi…

Son esprit commençait légèrement à s’embrumer. De nouveau, il ne voyait plus ce qu’il y avait autour de lui, devenant aveugle alors qu’un danger potentiel se trouvait à seulement quelques mètres de lui…

Asphelion – Oh que non je ne vais pas te laisser… Tu es fini Rhaziel ! Encore un peu de temps, et je serais en mesure de te remplacer définitivement… Encore un peu, et je vous tuerais toi et ta sœur…

Rhaziel – Je ne… te laisserais… pas… faire.

Rhaziel commençait à perdre le peu de raison qu’il avait récupéré ces dernières minutes… Encore un peu, et son arme finirait par attaquer Bélial d’elle-même…

Asphelion – Bientôt Rhaziel.

Rhaziel – Non…

Asphelion – Bientôt…

Rhaziel – Non…

Asphelion – Bient

Rhaziel – J’ai dit NON !

Cette dernière phrase, Rhaziel la prononça à voix haute, la hurlant presque. Tout redevint alors normal autour de lui… Pour la troisième fois de la soirée, son arme avait décidé de le laisser tranquille…

[Un peu court, mais je n'ai pas beaucoup de temps pour écrire cette fin de semaine ]

Ainsi Eden était bel et bien morte… Bélial aurait voulu tout donner pour croire ce que Rhaziel venait de lui affirmer. Cela aurait simplifié bien des choses. Malheureusement, le Prince des Mensonges était le mieux placé pour savoir que ce qui sortait de la bouche d’une personne n’était pas toujours la vérité. Et pourtant, l’ancien Ange de la Justice avait dû améliorer ses talents de menteur, puisque Bélial ne put discerner le moindre signe qui aurait pu lui faire croire que Rhaziel lui cachait des choses. Serait-ce possible qu’elle soit vraiment morte et enterrée ? En effet, comme venait de lui dire l’ange, cela pourrait expliquer la raison de sa présence sur Terre. Mais tout de même, cela lui semblait trop facile…

Soudainement, Bélial sentit un faible pincement sur son épaule. Le scorpion avait senti quelque chose… Malheureusement, le démon avait dû offrir une bonne partie des pouvoirs magiques contenus dans Oukal-al-Morhiaki pour obtenir son cimeterre, mais l’amulette gardait toutefois quelques dons très utiles. Parmi eux se trouvait celui de sentir des choses qui pouvaient échapper même à Bélial, dommage toutefois que le scorpion ne soit pas capable de communiquer… Bélial, désormais tous les sens en alerte, observa son adversaire avec attention. Il craignait une attaque surprise, mais il se surprit plutôt à réaliser que l’ange semblait s’être crispé très légèrement. Une seconde plus tard, une douleur intense sembla traverser l’Immortel, qui posa le genou au sol en respirant difficilement. Était-il en train de devenir fou ou alors était-il assailli par un ennemi invisible ?

L’image de Rhaziel, quelques minutes plus tôt, revint à la mémoire de Bélial. Il se rappelait exactement ce qu’il avait pensé en voyant l’ange entouré de feu… Une autre présence, totalement différente de Rhaziel, semblait habiter son corps. Même son aura lui avait semblé différente… Ce pourrait-il que…

« La chaîne ? » , murmura le démon à lui-même.

Après tout, n’était-ce pas la plus grande différence entre le Rhaziel qu’il connaissait et celui qu’il avait devant ses yeux ? Et Asphelion dans tout ça ? En tant normal, l’ange aurait déjà dégainé son katana… Un nouveau cri de Rhaziel, destiné à une personne invisible. Cette fois-ci, c’en était assez.

« Oukal… »

Pendant un bref instant, une lueur écarlate entoura le scorpion, puis le démon. Quand elle disparut, un long cimeterre noir était apparu à la main de Bélial. Teloch allait se nourrir de sang ce soir…

« Rhaziel. Je ne sais pas ce que tu viens faire ici, ni ce qui se passe avec toi… Et à vrai dire, je m’en fous complètement. Ta présence ici n’est pas le fruit du hasard, alors je vais te le demander une dernière fois : où se trouve Eden ? Si ta réponse est jugée insatisfaisante, je me verrai dans l’obligation de te tuer… »

On dit qu’il ne faut pas réveiller le chat qui dort… Dans son cas, Bélial venait peut-être de réveiller un lion sans même le savoir.

Rhaziel, qui sentait à nouveau une certaine liberté l’envahir, mis quelques secondes à réaliser ce qu’il voyait. Bélial avait décidé qu’il était temps d’arrêter de rire, et de passer aux choses sérieuses. Le grand cimeterre noir qu’il tenait en main ne laissait aucun doute sur ses intentions. Il se redressa alors, une partie de son esprit étant encore tourné vers le vide qu’avait laissé Asphelion, l’autre partie étant concentrée sur son adversaire…

Rhaziel – Bélial…

La tension grandissait petit à petit entre l’ange et le démon.

Rhaziel – J’ai essayé de me contrôler depuis ton arrivée… Mais tu ne me laisse pas le choix…

Une grande flamme jaillit alors de la chaîne et celle-ci s’étendit entièrement. En quelques secondes, le bras de Rhaziel avait viré au noir… Il avait presque complètement brûlé sous la puissance de son arme. Asphelion grandissait rapidement, chacun de ses maillons brûlant d’un feu intense, prêt à attaquer, prêt à tuer.

Les yeux de l’ange changèrent, et on ne vit bientôt que deux fentes d'un noir d'obsidienne. Ses grandes ailes se déployèrent, illuminant les environs de leur clarté presque aveuglante. Son arme fouettait l’air férocement, n’attendant qu’un ordre de son maître pour fendre l’air et s’abattre avec fureur sur son ennemi. Jamais on n’avait vu Rhaziel dégager une telle puissance, une telle hargne, comme s’il n’était plus lui-même. Une envie de meurtre s’emparait petit à petit de chacune des parcelles de son corps et de son esprit. Asphelion était bel et bien là, prêt à faire payer son arrogance au Prince des Mensonges. L’ange ouvrit alors la bouche, mais ce ne fut pas la voix de Rhaziel qui en sortit…

Asphelion – Enfin je peux respirer par moi-même…

Il regarda Bélial droit dans les yeux. Un sourire cruel et sadique s’étendit alors sur son visage…

Asphelion – Et l’autre m’a laissé un jouet avant de me laisser sortir. Quelle délicatesse…

Sans un mot ni aucun geste, la chaîne se jeta sur Bélial, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le démon se retrouva emprisonné par l’arme incandescente. Asphelion prenait un malin plaisir à se servir du corps de Rhaziel.

Asphelion – La prochaine fois que tu menace de tuer quelqu’un, assure toi d’abord d’en être capable. J’avais espéré que tes anciennes défaites contre mon "maître" t’avaient servie de leçon.

Asphelion augmenta la pression de son arme sur le démon. Depuis que Rhaziel était sortit de l’Entremonde, il n’avait jamais réussi à prendre totalement possession de son corps. Il savait que tant que l’ange résisterait, il lui serait impossible de prendre le dessus. Mais le fait de le posséder avait quelques avantages. Il avait poussé la folie de Rhaziel à son maximum, et cela avait payé. Aujourd’hui, il avait cédé, et Asphelion était bien déterminé à profiter le plus possible de sa puissance, et pour fêter sa nouvelle liberté, il tuerait lentement Bélial…

Asphelion – Tu ne seras bientôt qu’un petit tas de cendre… Remercie moi, la punition de Lucifer en réponse à ton échec serait bien pire…

[HRP : Pour clarifications, Teloch, en énochien, signifie Mort. Telocvovim désigne Satan, mais peut se traduire littéralement en Death Dragon (soit Dragon de Mort)]

Rhaziel était au sol, prisonnier de ses démons intérieurs. Un sourire malveillant apparut au coin des lèvres de Bélial. Ce qui allait se passer relevait plus d’une exécution que d’un combat. La santé mentale de son plus grand ennemi sonnerait finalement le glas de l’Ange de la Justice. D’une certaine manière, il en était presque navré… Cela semblait presque trop facile. Il avait tant imaginé ce « dernier combat » qu’il était désappointé par la manière dont les choses se déroulaient. Certaines choses doivent toutefois être faites… Bélial leva son arme. Dans quelques instants, la tête de l’Ange de la Justice roulerait sur le sol enneigé des collines d’Hollywood. Une fin digne de celui qui avait fait rouler tant d’autres têtes par le passé.

« Adieu Rhaziel… Dommage que ta mort soit aussi pathétique… »

Un picotement sur son épaule. Oukal venait de la quitter à toute vitesse pour retourner à son cou… Quelque chose n’allait pas… Une lueur éclaira la pénombre : la chaîne de Rhaziel venait de s’enflammer. Au même instant, le bras de l’ange sembla se calciner. Bélial recula de quelques pas. Il n’avait pas peur, mais il était surpris par l’immense source de pouvoir qui semblait s’émaner de l’arme. Ce n’était en aucun cas comparable à Asphelion, le katana de l’ange, et cela semblait si… maléfique ? Sûrement pas l’aura d’une arme divine… Rhaziel déploya ses ailes, profitant de la noirceur ambiante pour éblouir son adversaire. Un claquement se fit entendre.

Bélial resserra sa prise sur Teloch. Il était désormais sur la défensive et attendait les premiers gestes de son ennemi pour agir. À cause de la lumière s’émanant des ailes de l’ange, le démon était forcé de plisser les yeux et, même en faisant cela, c’est à peine s’il voyait quelque chose. Rhaziel parla alors, mais la voix qui s’échappa de sa gorge n’était pas la sienne. C’était celle de l’Autre…

Un nouveau coup de fouet déchira la nuit. Bélial n’eut pas le temps de réagir que la chaîne ardente s’enroulait autour de lui. Les flammes étaient incapables de blesser le démon, lui-même immunisé au Feu, la pression faite par l’arme se faisait de plus en plus oppressante. Déjà, ses vêtements commençaient à se détruire… La chaleur ambiante était si grande qu’ils passaient directement à l’état de cendres. Encore une chance qu’il soit protégé par son pouvoir; la plupart des autres Immortels seraient déjà morts.

* Abruti ! Bélial, tu t’es fait avoir comme un moins que rien ! *

Sa chemise se transforma bientôt en petit tas de cendres, ses jeans allaient suivre le même chemin si cette situation se prolongeait trop longtemps. Mais la chaleur n’était pas le principal souci du démon… Si cela se continuait trop longtemps, il n’allait même pas avoir le temps de mourir écrasé par la chaîne : le feu qui s’échappait de l’arme aspirait tout l’oxygène autour de Bélial. Respirer devenait de plus en plus difficile, puis ce qu’il craignait arriva. Plus aucun air…

À travers les flammes, Bélial put apercevoir Rhaziel. Était-ce vraiment l’ange qu’il avait connu autrefois ? Son visage dégageait tant de haine, tant de colère. On aurait dit un démon… La lumière qui l’aveuglait commença à s’éteindre lentement… Bélial avait de plus en plus de difficulté à garder les yeux ouverts… Sa vision se faisait trouble, tout devenait obscur autour de lui… Il étouffait… Les yeux de son ennemi furent la dernière chose qu’il vit juste avant que tout ne devienne absolument noir…

* Qui aurait cru que je mourrais ainsi… *

Une dernière pensée, accompagnée par un sourire de résilience. Il s’était fait avoir stupidement et cela lui avait coûté la vie…

***

À sa main, le rubis incrusté dans Teloch s’illumina pour quelques secondes avant de s’éteindre.

***

« Faible… »

Bélial ouvrit les yeux, mais il n’y voyait pas plus. Autour de lui, il n’y avait que les Ténèbres.

« Faible… Trop faible… »

Un flash de lumière. Couleur sang.

« Le contrat a été signé. Réveille-toi maintenant. »

***

La lumière… Une lumière si aveuglante…

Los Angeles. Hollywood… Rhaziel ! Bélial ouvrit les yeux. Il était toujours prisonnier de la chaîne. À sa main, Teloch n’était plus l’arme noire qu’il avait connue depuis deux ans. Des dizaines de nervures écarlates s’échappaient désormais du rubis comme autant d’artères sortant d’un cœur. Teloch… De par sa mort, Bélial avait signé le contrat qui le liait désormais à son arme. C’était si logique et en même temps, jamais il ne se serait risqué à essayer… Mais pour le moment, il n’avait toujours pas d’air à respirer.

« Allez, maintenant montre-moi ta vraie puissance ! »

Bélial frappa de toutes ses forces sur la chaîne… sans le moindre effet. Pas la moindre égratignure. Soudain, une voix gutturale, aussi grave et macabre que la Mort elle-même, résonna dans sa tête.

* Tu veux ma puissance… Apprend déjà à m’utiliser comme je le mérite… Apprend à utiliser l’essence du Telocvovim ! *

Bélial poussa un cri de douleur. Dans son dos désormais nu, deux bosses commencèrent à se former au niveau de ses omoplates. Elles continuèrent à grandir, puis, d’un geste brusque, deux immenses ailes reptiliennes se déployèrent en défaisant la prise de la chaîne sur Bélial. Le démon, désormais libre, s’éloigna de quelques pas, puis prit une grande goulée d’air. Ses pupilles écarlates se déformèrent pour adopter une forme allongée, de bas en haut, pendant que ses dents se transformaient une à une en canines plus coupantes qu’un couteau… Désormais, Teloch était rendue complètement rouge sang et le rubis, au niveau de la paume, émettait des scintillements au même rythme qu’un cœur qui bat.

« Tu me dois une nouvelle chemise, Rhaziel… » Un sourire qui n’avait plus rien de celui qu’il avait affiché quelques secondes avant de mourir. « Alors, si on remettait ça ? »

Bélial ne s’était jamais senti aussi puissant de sa vie. C’était presque comme si de la puissance brute s’écoulait à travers ses veines…

Bélial devenait enfin sérieux. Il semblait qu’Asphelion ne soit pas la seule arme qui avait quelques petites capacités cachées sous sa robe de métal. Teloch, car Asphelion sentait comme une évidence que l’arme se nommait comme ça, dégageait cette même aura, cette même envie de sang et de meurtre que lui. Un sourire des plus cruels s’afficha alors sur son visage. Il n’avait encore rien montré à son ennemi. Et contrairement au démon qui semblait découvrir les capacités de son cimeterre pour la première fois, cela faisait longtemps qu’Asphelion avait développé sa puissance. Et le corps de Rhaziel ne serait que le catalyseur de cette puissance.

Asphelion – Il est temps pour moi de montrer mon vrai visage…

L’air commença alors à surchauffer, la température montait de plus en plus. Ce qui avait précédé n’avait était que l’apéritif, une simple mise en bouche à ce qui arrivait maintenant. Le corps de Rhaziel ne ressortirait certainement pas intact de ce combat, mais Asphelion n’en avait cure. Il libéra alors son véritable pouvoir.

D’un coup, d’un seul, les ailes de l’ange s’embrasèrent, devenant alors deux grandes ailes de feu. Il s’éleva doucement dans les airs, dégageant un peu plus son pouvoir à chaque seconde. Sa chaine fouettait l’air furieusement, et continuait à grandir. On aurait dit que le feu lui-même composait l’arme. L’incandescence de son arme se fit plus importante, et son bras commençait à fumer sous la chaleur grandissante. Asphelion savait que le feu n’aurait aucun effet sur son ennemi, mais il n’avait pas que les flammes comme alliée. Quelque part dans l’esprit de l’ange, il était allé chercher une vieille connaissance à lui…

Asphelion – Séphiriel, réveille toi !

Séphiriel – Que… Rhaziel ?

Asphelion – Je ne suis pas ce faible… Qu’importe mon identité… J’ai besoin de ta puissance cher ami, et tu vas gentiment me l’offrir…

Séphiriel – Que fais-tu ? No… NON !

Plusieurs gerbes de flammes se dégagèrent de son arme. Il avait aspiré une partie de la puissance de Séphiriel. Il en avait pris assez pour augmenter considérablement son pouvoir, mais s’était arrêté juste à temps pour ne pas tuer ni Séphiriel ni Rhaziel. Il avait encore besoin d’eux. Le feu de ses ailes grandit encore. Le pouvoir affluait. Il sentait que le corps de l’ange supportait mal toute cette puissance, mais peu lui importait. Les blessures pouvaient guérir, l’important était de garder l’esprit intact.

Asphelion – Tu vas découvrir une force qui dépasse tes rêves les plus fous…

Asphelion regarda Bélial droit dans les yeux. Ce moment, il l’avait espéré depuis longtemps. La mort du démon sonnerait l’avènement de l’ange. Son seul rival éliminé, plus rien ne pourrait s’opposer à lui. La chaîne frappa une fois de plus, plus près du démon cette fois-ci. Il continua ainsi, donnant à chaque fois plusieurs coups de plus en plus rapproché. Ils se provoquaient mutuellement, cherchant chacun le moment le plus opportun pour attaquer. Il tenta alors une attaque directe, qui fut automatiquement stoppée par l’épée de Bélial. Il était beaucoup plus rapide maintenant, il s’agissait de ne pas le prendre à la légère, et ce genre de petite attaque ne fonctionnerait pas une nouvelle fois

Asphelion – Tu vas me forcer à déployer ma puissance…

Il donna un grand coup au pied de Bélial, et n’importe qui aurait pensé qu’il avait horriblement manqué son coup. Mais il n’en était rien. Asphelion leva alors son bras libre, et une sorte d’orbe rouge sang apparu au creux de sa paume. Il fit un clin d’œil au démon, et referma sa main. L’orbe se brisa. Une immense colonne de flammes rouges s’éleva alors aux pieds du démon, l’emprisonnant entièrement.

Bélial ne s’était jamais senti aussi bien de sa vie. Le démon pouvait presque sentir le flot de pouvoir brut qui partait de Teloch pour se disperser à travers tout son corps. Il se sentait plus alerte, plus rapide, plus fort et, surtout, plus puissant. Il avait presque l’impression qu’en ne faisant que tendre le bras, il serait en mesure d’enflammer la colline toute entière… Il avait dû mourir une fois pour atteindre toute cette puissance, mais maintenant que c’était fait, il se sentait invincible.

Le démon étendit les longs appendices reptiliens dans son dos et, après quelques battements d’ailes, il quitta le sol pour la première fois depuis une époque si lointaine qu’elle était presque effacée de sa mémoire. Voler… Bélial avait presque oublié le sentiment de liberté totale que cela procurait. Ironique qu’il ait dû perdre ses ailes afin d’obtenir la vraie liberté. Mais pour le moment, il n’avait pas le temps d’y penser. Si le démon avait quitté le sol, c’était plus par mesure stratégique que par nostalgie. Il testait ses ailes afin de voir si elles pouvaient effectivement le porter. Cela pourrait s’annoncer crucial pendant le combat et il ne souhaitait pas avoir de mauvaise surprise. Après être resté quelques secondes en suspension dans les airs, Bélial se posa au sol.

Rhaziel, toutefois, était loin d’avoir dit son dernier mot. La température ambiante sembla monter et, soudain, ses ailes s’embrasèrent. L’idiot… N’avait-il pas réalisé que le feu n’aurait aucun effet sur lui ? À quoi bon enflammer ses ailes, cela ne servirait à rien. De même, les pouvoirs de Bélial face à l’ange ne valaient rien de plus. Même avec ses nouveaux pouvoirs, c’était peine perdue : le Feu était immunisé au Feu, aussi simple que ça… Rhaziel parla, ou du moins celui qui contrôlait le corps en ce moment même. Un pouvoir digne de ses rêves les plus fous ? Il était déjà en train de les découvrir. Il n’avait pas pu le tester, mais Teloch avait déjà augmenté ses pouvoirs d’une manière considérable… Ce n’était pas cet ange qui pourrait avoir le dessus sur lui.

« Je n’attends que ça, Rhaziel. »

* Attention, démon. Tu ne devrais pas sous-estimer les pouvoirs d’Asphelion. *

* Je ne t’ai pas parlé, Teloch. Contente-toi de me donner plus de puissance. *

Une arme peut-elle être vexée ? En l’espace d’une seconde, Bélial sentit une partie de sa nouvelle puissance quitter son corps. Le démon jeta un regard meurtrier à son arme. Qu’espérait-elle ? Elle n’était qu’un bout de métal, après tout ! Il n’allait quand même pas lui être reconnaissant ! Et… Asphelion ? Alors cette chaîne était vraiment l’ancien katana de l’ange.

Pas le temps de trop y penser, toutefois. Rhaziel fit claquer son arme de plus en plus près, à la fois pour provoquer le démon et pour le tester. Il tenta de porter un coup direct, mais Bélial le dévia avec une facilité ridicule. Même en n’ayant qu’une partie des pouvoirs de Teloch, il était beaucoup plus rapide qu’en temps normal. Asphelion claqua une dernière fois. Cette fois, le démon ne bougea pas d’un millimètre. Le coup avait été affreusement mal placé et la chaîne s’écrasa près de son pied. Pathétique… Un orbe écarlate apparut alors dans la main de l’ange et le sourire que l’Immortel affichait n’avait rien de bon. Bélial voulut bondir vers l’arrière, mais trop tard. L’orbe explosa et, au même moment, une colonne de feu s’échappa du sol pour venir l’enfermer. Il n’avait rien comprit ou quoi ? Le démon était immunisé à cet élément, jamais Rhaziel n’allait réussir à le vaincre s’il continuait à…

Bélial hurla de douleur. Par chance, il eut le réflexe de battre des ailes, ce qui le propulsa au sol quelques mètres plus loin. Le feu l’avait… Le feu l’avait brûlé ? Impossible ! De tous ceux qu’il avait connus, Satan était le seul à pouvoir le blesser de cette façon ! Impossible que cet ange en soit capable ! Et pourtant… Les cloques qui couvraient la moitié de son torse et son bras gauche en étaient pourtant la preuve. Le combat ne tournait pas en sa faveur. Les plaies allaient guérir, mais cela prendrait quelques heures à en juger par la gravité des brûlures. Et d’ici là, la douleur qui paralysait son corps l’empêcherait de combattre à son plein potentiel.

* Alors, tu vas m’écouter maintenant ? Je peux te guérir, je peux te donner encore plus de pouvoirs. Toutefois, tu devras en payer le prix… *

* Je suis déjà mort une fois pour toi, non ? Donne-moi tes pouvoirs, c’est tout. *

* Le Telocvovim a besoin de se nourrir s’il veut rester en vie. À ton stade, la transformation est encore réversible, mais si tu veux plus de pouvoirs, tu devras payer. *

* Comme si j’avais le choix… * Un sourire illumina le visage du démon. * Prends ce que tu veux, tant que tu laisses ma tête tranquille… Je ne veux pas finir comme lui. *

Un fourmillement parcourut tout le corps de Bélial, comme si des milliers d’insectes traversaient ses artères. En l’espace d’un instant, ses plaies disparurent, remplacées par une peau écaillée de couleur obsidienne. Entre chaque écaille, un mince fil de liquide doré fit son apparition. Le démon ne comprit pas immédiatement de quoi il s’agissait, mais le sentiment qui l’habita alors dissipa toutes ses questions. De la magie… De la magie dans sa forme la plus pure et la plus puissante. Et, étrangement, cette magie lui semblait familière. Thorn Aestri. Solomon. D’une certaine manière, Teloch avait réussi à se fusionner avec l’énergie magique contenue dans Oukal-al-Morhiaki. Toutefois, le lien était précaire… Il n’allait pas pouvoir lancer de sorts puissants pour le moment.

« Mes flammes ne peuvent peut-être pas te blesser, mais je n’ai pas dit mon dernier mot… Ogh’na al morh’akn nelefalim ! »

Une boule d’énergie noire apparut dans la main de Bélial. Aussitôt, le démon tendit la paume et un rayon lumineux s’en échappa pour aller frapper Rhaziel de plein fouet. La magie noire… Ses années passées dans le corps de Thorn Aestri lui avaient appris à utiliser cette forme de pouvoir qui lui était inconnue jusqu’alors. Et aujourd’hui, ironiquement, cela allait lui servir à nouveau. Avec ses flammes, l’essence magique de Salomon et Teloch, rien ne pouvait l’arrêter… Alors quoi, il devait payer le Telocvovim pour avoir ses pouvoirs ? Aucun paiement n’était trop grand pour obtenir le pouvoir absolu…

La douleur. Voilà un sentiment qu’Asphelion ne connaissait guère, du moins jusqu’à maintenant. La boule d’énergie le frappa avec une force qu’il n’aurait pas crue possible, et il fut quelque peu déstabilisé. Il essaya de se reprendre, mais quelque chose clochait. C’était comme si on le retenait…

Séphiriel – Tu ne t’en sortiras pas aussi facilement Asphelion…

Asphelion – Laisse moi Séphiriel, tu n’es plus rien !

De nouveau, cette sensation d'être bloqué. Il avait été trop orgueilleux en pensant pouvoir contrôler Séphiriel. Il l'avait réveillé, pensant pouvoir profiter de sa puissance, mais comme pour tout, cette puissance avait un prix. Ses yeux commencèrent à redevenir normaux, le feu de ses ailes baissait doucement. Il perdait tout contrôle sur ce corps. Encore un peu et Rhaziel serait de retour. Il devait absolument réagir, ou il n'aurait plus la force nécessaire pour en finir avec Bélial...

Séphiriel – Je ne te laisserais pas aller au bout de tes desseins…

Asphelion – Oh que si tu vas me laisser faire. Et tu vas même m’y aider !

Asphelion aspira un peu plus l’énergie de Séphiriel, ce qui lui permit de se reprendre. L’attaque de Bélial l’avait chamboulé au point qu’il avait failli perdre le contrôle de ce corps. Heureusement pour lui, cela n’avait duré que quelques secondes, et le démon n’avait sans doute rien remarqué…

Asphelion – Bien tenté, mais cela ne suffira pas pour me tuer.

Les flammes de ses ailes redoublèrent d’intensité. Malgré son apparence détendue, l’ange était maintenant dans une fureur noire. Bélial avait osé le toucher, lui, celui qui avait réussi à asservir Rhaziel et Séphiriel. Un tel affront ne pouvait rester sans châtiment. Il rappela la chaîne qui reprit sa place dans son bras droit, et il sembla guérir de lui-même. Il semblait que la couleur noire qu’il prenait n’apparaissait qu’une fois son arme sortie.

Asphelion – Je vais maintenant mettre un terme à ce combat. Prépare-toi à mourir, Prince des mensonges.

Il déploya alors ses grandes ailes au maximum et se concentra. Le feu qui brûlait alors se fit plus fort, plus puissant, et la température extérieure déjà importante continua d’augmenter en intensité. Il envoya alors de nouveau la chaîne tout droit sur Bélial, mais l’attaque fut de nouveau parée. Il frappa à plusieurs reprises, mais le résultat était toujours le même. Son seul avantage était la vitesse qu’il y mettait, laissant l’impossibilité à son ennemi de contre-attaquer. Dans ses grands coups, l’ange ne fit pas attention, et frappa en passant plusieurs lettres du panneau Hollywood. Celle-ci prirent feu presque instantanément. Il allait devoir en finir rapidement s’il voulait pouvoir fuir avant l’arrivée des pompiers.

Il continua à frapper plusieurs fois, toujours de la même manière, jusqu’à ce qu’enfin il obtienne ce qu’il voulait. Le démon ne prenait plus la peine de varier ses parades.

Asphelion – Imbécile.

Il attaqua de nouveau mais changea la direction de son arme à la dernière seconde, ce à quoi le démon ne s’attendait pas. Mais plutôt que de frapper, la chaîne s’enroula autour de la taille de Bélial. Il était piégé.

Asphelion – Tu es à moi.

Il resserra son étreinte et laissa sa puissance se déverser d’elle-même. Tout le feu qu’il avait accumulé dans ses ailes se dégagea alors d’un seul coup, partant sous formes de rayons enflammés en direction de son adversaire. Une centaine de rayons le frappèrent de plein fouet, dans tout les sens possible, et à une vitesse folle. Il le voyait se tordre de douleur, impuissant face à une telle attaque. Asphelion était épuisé, mais jamais un tel bonheur ne l’avait habité. Bélial allait enfin mourir.

Rhaziel – STOP !

Soudain l’attaque se stoppa. Pour une raison qui lui était inconnue, Asphelion venait de perdre le contrôle, et Rhaziel avait de nouveau le dessus sur lui, ce qui avait tout arrêté. Ses ailes reprirent leur apparence naturelle, et ses yeux redevinrent normaux. La température chuta alors.

Asphelion – Pauvre fou ! Je pouvais le tuer ! Pourquoi ne m’as-tu pas laissé faire ?

Rhaziel – Car les humains arrivent, et nous nous sommes déjà assez fais remarquer.

Asphelion – Mais…

Rhaziel – Laisse. Il mourra de toute manière… Personne ne peut survivre à de telles blessures.

Il regarda Bélial une dernière fois. Il était dans un état lamentable, agonisant. Si Asphelion avait eu le contrôle encore longtemps, le démon serait mort sur le coup. Il détourna le regard et vit les camions de pompiers qui se rapprochaient. Sans prendre la peine de vérifier que Bélial était réellement en train de mourir, il s’enfuit alors, n’ayant plus qu’une idée en tête : retrouver celle qu’il aimait.

L’aube approchait et la ville de Los Angeles allait petit à petit se réveiller. Pour ses habitants, cette nuit aura été comme toute les autres…

Bingo… Bélial venait de trouver une brèche chez son ennemi. Le sort qu’il avait lancé était assez faible, même un débutant aurait pu le lancer, mais il semblait avoir blessé l’ange. Les avantages de la magie noire : utilisée avec intelligence, elle était capable de mettre à terre le plus ardu des archanges. Malheureusement, toutefois, il en était de même pour la magie blanche vis-à-vis des démons… Plus le combat avançait et plus Bélial commençait à comprendre pourquoi il avait pu être blessé par du feu. À moins d’atteindre le niveau de pouvoir de Satan du temps de son apogée, et cela était pratiquement impossible, le Prince des Mensonges ne pouvait se faire brûler. D’une manière ou d’une autre, Rhaziel avait dû trouver un moyen d’incorporer de la magie blanche à travers ses flammes, de la même façon que lui-même pouvait désormais lancer des sorts de magie noire. Toutefois, l’ange avait eu beaucoup plus de temps pour se pratiquer…

Devant lui, Rhaziel sembla perdre une partie de ses pouvoirs. Ce pouvait-il que le rayon d’énergie noire l’ait affaibli à ce point ? Déjà, les yeux de l’archange redevenaient normaux et les flammes dans ses ailes perdaient de leur puissance. Encore une fois, il était sans doute aux prises avec un combat intérieur. Un clignement d’yeux. Ce qui venait de se dérouler semblait avoir été un rêve. Rhaziel était là, plus enragé que jamais, le feu dans ses ailes ayant redoublé de vigueur.

* Attention ! *

La chaîne fut propulsée directement vers Bélial. Le démon, qui avait temporairement baissé sa garde, ne la vit venir que trop tard. Toutefois son bras, lui, se leva par lui-même et Teloch vint intercepter un coup potentiellement mortel d’Asphelion.

* Idiot ! La prochaine fois, je ne serai peut-être pas aussi rapide ! *

* À ce que je sache, je me suis toujours bien débrouillé avant de t’avoir en ma possession. Contente-toi de me donner de ta puissance et laisse mon corps tranquille. Et, surtout, arrête de me déconcentrer ! *

Déjà, la chaîne revenait dans sa direction. Bélial para sans trop de difficulté. Une autre fois. Une autre. Et une autre… Les coups pleuvaient, mais se ressemblaient tous. C’était tellement facile. Du coin de l’œil, le démon vit quelques-unes des lettres géantes du panneau d’Hollywood s’enflammer. L’idiot, il allait rameuter les mortels ! Même si en temps normal il se contrefichait de se genre de "publicité", l’essentiel de sa mission actuelle se basait sur sa discrétion. Il ne voulait pas que les journaux rapportent des événements qui portaient sa signature. Les Renégats devaient ignorer sa présence et, si Eden était vraiment ici comme il le soupçonnait, il devait frapper avant qu’elle ne se doute de quoi que ce soit…

Un nouveau coup. Un autre. Bélial commençait à s’en lasser. Rhaziel ne faisait que répéter le même coup en accélérant la vitesse, comme si une telle stratégie pouvait réussir contre lui. La chaîne revint vers lui. Cette fois, par contre, le Prince des Mensonges sentit son bras vouloir bouger par lui-même. De toutes ses forces, Bélial le maintint en place, mais la chaîne passa quelques millimètres sur le côté et vint agripper le démon à la taille.

* Teloch ! Je t’avais averti, arrête de te mêler de tout cela ! *

* Le coup avait été dévié, il allait t’avoir ! *

* Parce qu’on est dans une meilleure situation maintenant ! Je ne te le dirai qu’une dernière fois : laisse mon corps et ma tête tranquilles, sinon tu finiras en tas de ferraille ! J’aurais facilement pu arrêter le coup si tu n’avais pas défié mes ordres ! *

Mais voilà, il était prisonnier. Bélial tenta d’étendre ses ailes, mais sans succès : Rhaziel n’allait pas se faire avoir par le même truc deux fois. Soudain, tout le feu qui était contenu dans les ailes de l’ange s’envola en centaines de rayons lumineux. Cela n’annonçait rien de bon… Bélial reconnut aussitôt la magie qu’avait utilisée Rhaziel lors de leur affrontement au Louvres, deux ans plus tôt. À l’époque, il avait réussi à éviter le plus gros du sort, mais là il était figé en place.

« Jal’monera ! »

Une fine paroi noire, pratiquement invisible à l’œil nu, apparut tout autour du démon. Dans son état actuel, il n’avait ni le temps ni les pouvoirs pour créer un bouclier plus puissant. Ce n’était pas grand-chose, mais cela allait sans doute lui sauver la vie…

Les rayons transpercèrent le bouclier magique sans problème. Quelques flammèches, sans plus. Lorsqu’ils entrèrent en contact avec lui, Bélial hurla de douleur. Heureusement, son bouclier faisait dévier les rayons pour qu’ils passent à côté de ses organes vitaux. S’il se sortait vivant de son affrontement, le reste allait guérir en quelques heures. Tout devint noir : le démon venait de perdre conscience.

***

Quelques minutes plus tard
Collines d’Hollywood

Les lumières se faisaient de plus en plus importantes. D’ici peu, les mortels allaient arriver. Teloch lui-même ne comprenait pas le lien entre les deux, mais les souvenirs du démon allaient dans ce sens.

* Allez, lève-toi ! *

Teloch voulut prendre le contrôle du corps de son maître, mais il dut en sortir immédiatement. Un sentiment étrange l’avait habité pendant quelques secondes, un sentiment qui n’avait rien d’agréable. Aussi loin qu’il puisse chercher, jamais il n’avait vécu de sensation semblable. Était-ce cela que l’on appelait la "douleur" ? Teloch réintégra le corps de Bélial. Sans même qu’il ne l’ordonne, la bouche de son maître s’ouvrit et un cri en sortit. La "douleur" semblait avoir envahi tout le corps. Heureusement, les organes vitaux avaient été épargnés par l’attaque ultime d’Asphelion. Peu à peu, Teloch poussa le Telocvovim à réintégrer l’arme qui lui servait de maison. Les ailes rapetissèrent et disparurent dans son dos, ses yeux et ses dents redevinrent normaux. Les écailles qui couvraient une partie de son corps se détachèrent en laissant derrière elles une peau affreusement marquée : le Telocvovim avait pris son paiement.

Les lumières atteignirent le haut de la colline. Les mortels venaient d’arriver dans une étrange boîte métallique complètement rouge… Deux hommes en sortirent. L’un d’eux avait à la main un long tuyau, d’où en sortit une quantité immense d’eau qui alla asperger le feu sur les immenses lettres. Teloch grimaça. Alors cet humain possédait des pouvoirs lui aussi, et pas n’importe lesquels… À en juger par la quantité d’eau qui sortait de son arme, il devait être très puissant. Étrangement, toutefois, aucune essence magique ne s’échappait de lui…

« Merde ! Harry, il y a quelqu’un là-bas ! »

Un homme s’approcha de Teloch. Celui-là non plus ne dégageait aucune essence magique, mais cela ne voulait rien dire. Le mortel tourna le démon sur le dos et Teloch put voir l’horreur venir habiter ses yeux. Toutefois, son regard n’était pas dirigé vers le corps blessé de Bélial, mais plutôt au sol, là où les écailles noires formaient un petit tas recouvert de sang. Quelques-unes étaient même encore collées au démon.

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel… Harry !

- Quoi ?

- J’ai besoin d’être amené à une salle de guérison… » murmura Teloch à travers les lèvres de Bélial.

Les yeux de l’homme devant Teloch perdirent de leur couleur. Parfait… En utilisant les pouvoirs de son maître, il avait réussi à pénétrer l’esprit du mortel. Une créature si inférieure n’offrait aucun défi face à sa puissance !

« L’homme a besoin d’être amené à une salle de guérison !

- Quoi ? Il a besoin d’aller à l’hôpital ?

- Oui, et tu vas m’y mener…

- Oui, et je vais l’y mener !

- Tu ne veux pas que j’appelle une ambulance, plutôt ? »

Sans un mot de plus, le mortel aida Teloch à se lever et, devant le regard estomaqué de son collègue, les deux hommes montèrent à bord de la boîte de métal et partirent vers la ville. Ils devaient trouver un coin tranquille où le corps de Bélial allait pouvoir guérir. Pas question de retourner au repère dans cet état…